Après plusieurs mois de rebondissements, le français Pernod Ricard et le britannique Diageo, alliés pour l'occasion, ont enfin annoncé officiellement qu'ils avaient remporté les enchères organisées par Vivendi Universal dans le cadre de la reprise des alcools Seagram. Si l'issue des enchères était connue depuis dimanche soir, Vivendi Universal a tenu à faire durer le suspens jusqu'à la signature effective du contrat, mardi soir.Avec une offre de 8,15 milliards de dollars, le tandem franco-britannique a damé le pion aux américains Bacardi et Brown Forman, l'autre candidat en lice. L'opération de reprise des alcools du groupe canadien a connu plusieurs rebondissements dont le dernier en date est l'abandon du groupe britannique Allied Domecq qui avait longtemps été envisagé comme un candidat sérieux. Le britannique a préféré acquérir deux marques de champagne, Mumm et Perrier-Jouet, pour 958,3 millions d'euros.La division alcools de Seagram est à vendre depuis l'annonce de la fusion avec Vivendi et Canal+. Numéro trois mondial des spiritueux, Seagram détient des marques comme les whiskies Chivas Regal et Crown Royal, le cognac Martell, le rhum Captain Morgan ou encore la vodka Absolut. Les deux partenaires prévoient de se partager les marques Seagram. Diageo devrait hériter des marques Crown Royal et Captain Morgan ainsi que de la division vins, le français devant reprendre entre autres les whiskies Chivas Regal et Glenlivet. S'agissant du financement de l'acquisition, l'accord signé entre les deux partenaires stipule que Diageo règle 5 milliards de dollars, les 3,15 milliards restants devant être financés par le français. Pernod Ricard comme Diageo avaient au préalable renforcé leurs munitions financières. La cession de sa filiale d'agro-alimentaire Pillsbury en juillet dernier, a permis à Diageo d'encaisser un pactole de 4,5 milliards de dollars. Pernod Ricard, dont l'endettement net représente moins de 40% de ses fonds propres, pourrait tout à fait financer l'acquisition par emprunt. De plus, la cession d'Orangina-Pampryl, qui fait actuellement l'objet de négociations avec Cadbury, pourrait rapporter au français entre 1 et 1,5 milliard d'euros. Enfin une augmentation de capital est également envisagée par les experts.A la Bourse de Paris, la victoire présumée de Pernod Ricard ne semblait pas soulever un vif intérêt de la part des investisseurs mardi après-midi. En effet, l'action Pernod Ricard est restée quasi stable sur toute la séance, cédant quelque 0,16% à 62,6 euros à la clôture. La veille, le titre avait progressé de 1,13%. L'enjeu stratégique est pourtant de taille pour le français. L'acquisition des alcools Seagram offre à Pernod Ricard l'opportunité de se recentrer sur les spiritueux, activité la plus performante du groupe français. Au premier semestre en effet, le résultat opérationnel de la branche vins et spiritueux, qui représente 66% du résultat total, a enregistré la plus forte progression, soit une hausse de 17% quand le résultat opérationnel global progressait de 12,6% (165,2 millions d'euros).

latribune.fr

20 Oct 2008, 9:57

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