Abcool, "numéro un sur un marché décevant"

Par latribune.fr  |   |  625  mots
Le site d'Abcool avait ouvert en novembre 1999. Quel premier bilan tirez-vous de l'actuelle période de fêtes ? Pour nous, Noël 1999 était un Noël d'ouverture, et nous vivons actuellement notre premier Noël grandeur nature. Nous avons évidemment mis l'accent sur la logistique, la promotion et la publicité. La communication a débuté dès le 15 octobre, intégralement en ligne, sur une trentaine de sites. Elle est complétée par des accords spécifiques avec de grands portails - AOL, Lycos et surtout Wanadoo et Voilà - complétés par des partenariats avec des sites ciblés sur les enfants, comme Sssplash et Kazibao. Mais la logistique reste l'enjeu principal. Quatre personnes - contre deux habituellement - sont chargées de suivre les commandes susceptibles de poser problème et de parler aux clients. Pour ce qui est de la préparation de commandes et de l'expédition, nous avons la chance d'être adossés au premier grossiste en jouets de France, PartnerJouet. Celui-ci, qui fournit pour l'essentiel des grandes surfaces et des boutiques, a enregistré une pointe d'activité anticipée, avant le 15 novembre. Nous n'avons donc pas de problème d'engorgement. Ces moyens nous permettent de traiter 350 à 400 commandes quotidiennes, contre 100 par jour en temps normal. Nous devrions réaliser un chiffre d'affaires d'un million de francs sur la période du 20 novembre au 20 décembre, pour un total annuel de 3 à 4 millions. C'est un chiffre modeste par rapport aux objectifs affichés il y a un an. Que s'est-il passé depuis ? Je ne le cache pas : notre chiffre d'affaires 2000 constitue une déception. Il est clair que la France est en retard, dans le domaine des ventes de jouets en ligne, sur les autres grands marchés. En Allemagne, les sites de vente de jouets devraient réaliser environ 100 millions de francs de chiffre d'affaires cette année, soit 0,5% du marché. En France, où l'on compte trois fois moins d'internautes, on aurait pu tabler sur 0,15% du marché, soit environ 50 millions de francs. Compte tenu de notre part du marché, que nous estimons à 20%, nous pouvions donc espérer réaliser 10 millions de francs de ventes. Nous en sommes loin : le marché ne représentera sans doute pas plus de 15 millions de francs. Malgré cela, je reste persuadé que nous sommes numéro un et que nous ferons cette année cinq à six fois le chiffre d'affaires de l'an dernier sur la même période. Comment expliquez-vous ce décalage du marché français ? Et comment voyez-vous l'avenir ? Je crois d'abord que les internautes français ne sont pas aussi orientés vers l'achat en ligne que les « Saxons », Américains, Britanniques et Allemands. L'expérience du Minitel constitue sans doute un frein supplémentaire, auquel s'ajoute la peur irrationnelle liée à la sécurité des paiements. Peur irrationnelle, il faut le souligner, car le paiement par carte et la loi Scrivener offrent toutes les garanties nécessaires pour rassurer les acheteurs. Il faudra sans doute un an ou deux pour que ces perceptions s'effacent et que, toutes proportions gardées, la France rattrape son retard sur l'Allemagne ou les Etats-Unis. A cette condition, nous visons l'équilibre financier en 2002. Nous avons des avantages certains : nous sommes leaders et nous sommes en position de le rester. De plus, les deux grands leaders américains de la vente de jouets en ligne, eToys et Toys'R Us, ne débarqueront pas en Europe avant deux ans. Leur arrivée devrait favoriser la croissance du marché français dans son ensemble, même si elle nous coûte quelques parts de marché. Mais je préfère avoir une part réduite d'un marché en croissance qui aura alors retrouvé son rythme naturel.