Les occasions manquées de Hewlett-Packard

Ce bénéfice est ressorti à 41 cents par titre, soit 10 cents de moins que ce qui était attendu par Wall Street. C'est un écart énorme que la nouvelle présidente Carly Fiorina a eu bien du mal à expliquer lors de la téléconférence destinée aux investisseurs.Elle a blâmé divers facteurs, dont la faiblesse de l'euro, la hausse des rémunérations de ses employés et une gamme de produits mal adaptée à ses marchés. Elle a aussi expliqué que le projet de rachat de PriceWaterhouseCooper, qui a été abandonné, avait été une " distraction ". Les investisseurs n'ont pas été convaincus et ils supposent que la direction financière n'a pas fait son travail. Une tête pourrait tomber mais cela ne sera pas celle de Carly Fiorina, qui apparaît victime de l'inertie interne de Hewlett-Packard et des mauvais choix stratégiques pris par la direction précédente. Car l'histoire récente de Hewlett-Packard est celle de plusieurs occasions manquées.En premier lieu, Hewlett-Packard a pris la décision de foncer dans le monde Windows NT et de laisser, quelque peu, Unix de côté. Cette inflexion a été décidée il y a quatre ans par Rick Belluzzo, parti par la suite chez Silicon Graphics pour tenter, sans y parvenir, de redresser cette entreprise (il est maintenant chez Microsoft). Lorsque le marché Unix s'est fortement développé, Hewlett-Packard était mal préparé pour répondre à la demande. Son offre produit est maintenant ajustée au marché avec le serveur Superdome mais du temps a été perdu.Le deuxième domaine où Hewlett-Packard n'a pas su prendre de bonnes décisions à temps est celui du logiciel. Il y a environ deux ans et demi, HP pouvait prendre une participation majoritaire dans BEA Systems pour quelque dizaines, voire centaines, de millions de dollars. BEA est un spécialiste du " middleware ", c'est à dire de l'intégration de systèmes informatiques hétérogènes, et des serveurs Web. Son serveur WebLogic est le grand concurrent de WebSphere, le serveur d'IBM . Fort de ses excellents résultats, la capitalisation boursière de BEA atteint désormais 21 milliards de dollars ! Et pour obtenir une offre de serveur Web, HP a finalement lancé une OPE d'environ 400 millions de dollars sur Bluestone Software, qui n'est assurément pas dans la même catégorie que BEA ou WebSphere. Troisième point en suspens, HP doit absolument renforcer ses équipes de consultants pour augmenter la marge globale de ses ventes de serveurs. PriceWaterhouseCooper était certainement un trop gros morceau mais il lui faudra trouver une solution rapidement. Carly Fiorina a certainement fait l'inventaire de l'héritage. Pour réussir, elle doit trouver le moyen de contourner les diverses couches bureaucratiques de HP. " Carly est brillante, assure un ancien cadre de la maison. Mais les décisions sont toujours prises à la base chez HP et les idées de la tête sont des options que l'on peut suivre ou oublier ". Bill Hewlett et David Packard avaient inventé le " management by walking around " (la gestion en se baladant dans l'usine). Il est temps que leur successeur s'y mette.
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