Pour Aladdino, "on a présenté le WAP comme un eldorado sans penser aux utilisateurs"

Aladdino vient de célébrer son premier anniversaire au terme d'une année marquée par le lancement du WAP et la poursuite de la vogue des « PDA », les assistants numériques personnels, à commencer par les Palm. Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois d'activité commerciale ? Notre premier bilan peut se résumer en deux mots : modestie et réactivité. Nous opérons sur un marché dont le paysage change tous les trois mois. Ce qui était vrai en mars dernier ne l'était déjà plus en juin, et ce qui l'était en juin ne l'était plus à l'automne. Face à cette réalité du marché, la réactivité est donc le point le plus important. Au début de l'année, sur ce marché, tout le monde croyait qu'il fallait se lancer dans le m-commerce [commerce électronique sur terminaux mobiles] sur Palm et sur le WAP. En fait, on en est encore à faire fonctionner des applications de base, comme la consultation de cours de bourse ou de prévisions météo. Et il va encore couler de l'eau sous les ponts avant que le m-commerce se développe. Malgré les difficultés de démarrage de ce marché, Aladdino a été le premier portail Palm lancé en Europe et le premier portail WAP après celui de France-Télécom. Et aujourd'hui, si l'on exclut les portails directement contrôlés par les opérateurs mobiles, il ne reste que deux portails WAP indépendants : Aladdino et The Phone House. Manifestement, pour vous comme pour la plupart des acteurs du marché, le WAP a donc été une lourde déception. Comment l'expliquez-vous ? Dans ce domaine, personne n'avait de savoir-faire en termes de services. Et la plupart des acteurs ont bâti des prévisions laissant entrevoir un eldorado, sans prendre en compte les utilisateurs, les visiteurs de cet eldorado présumé. L'offre n'a pas été suffisamment mûrie. Résultat : les services sont pauvres en contenu et difficiles à utiliser, l'ergonomie n'est pas encore très bonne, le temps de transfert trop lent... Sur le WAP, il faut trois à cinq minutes pour choisir une salle de cinéma ! L'offre WAP doit donc évoluer : quand on arrive à faire du graphisme, par exemple, on parvient à une qualité de service nettement supérieure, avec des informations lisibles presque instantanément. Au-delà, l'arrivée du GPRS permettra de réduire les temps de connexion, d'améliorer les temps de réponse, et surtout de facturer l'utilisateur en fonction des données chargées sur son terminal, et plus à la durée. L'acceptation de la publicité en sera améliorée. En attendant, Aladdino a la chance de ne pas être uniquement un portail WAP, mais un portail WAP et Palm. Aujourd'hui, le WAP ne sert qu'aux utilisateurs désireux d'obtenir vite une information « chaude », comme les dernières indications sur le trafic routier ou la disponibilité d'un produit. Le Palm, lui, offe une consultation plus confortable pour la lecture de la presse, la gestion d'un portefeuille boursier ou même le jeu. Et nous avons développé des applications plus professionnelles, qui permettent par exemple de faire de la formation à un nouveau produit pour des forces de ventes. Sur ses deux fronts, WAP et Palm, comment s'est développée l'activité commerciale d'Aladdino ? Nous comptons aujourd'hui 25.000 utilisateurs dans trois pays - la France, le Royaume-Uni et l'Espagne - dont 20.000 en France. Les utilisateurs du portails uniquement sur WAP sont minoritaires, 10% environ ; la plupart utilisent nos services à la fois sur WAP et sur Palm. Le portail est alimenté par 110 fournisseurs de toute l'Europe d'Investir à AccorHôtel en passant par Aquarelle ou Tables de Paris. Notre plateforme technologique nous permet d'enrichir ce portail très facilement et très rapidement : il nous faut en moyenne une demi-journée pour mettre en ligne un nouveau contenu. Le plus long, en général, c'est de conclure le contrat ! De même, en un ou deux jours, nous pouvons bâtir un portail sur mesures pour une marque. Ainsi, le Visor, le PDA fabriqué par Handspring, est vendu avec un portail Aladdino inclus sur le CD d'installation. Quels sont les projets d'Aladdino pour 2001 ? Notre coeur de métier est de rendre mobiles des contenus. En 2000, nous avons démontré que notre technologie fonctionnait et que nous pouvions bâtir, sur cette base, un portail grand public ayant une réelle valeur commerciale. Aujourd'hui, cette technologie éprouvée, nous pouvons la déployer dans de nombreux domaines, à commencer par le "business to business". Elle peut servir à améliorer la relation entre une entreprise et ses clients, ou entre une entreprise et ses salariés, que ce soit pour des fonctions de formation, d'Internet mobile ou de gestion de forces de vente. Nos axes prioritaires de développement sont donc le développement de portails de marque, pour des groupes de presse ou des distributeurs par exemple, mais aussi le segment de l'Intranet mobile : plusieurs projets sont en cours avec des grandes entreprises ayant des effectifs mobiles importants. En termes financiers, nous espérons, en 2001, réaliser 17 millions de francs de chiffre d'affaires dans l'Intranet mobile sur un total de 25 millions. Nous gagnons déjà de l'argent sur le référencement des fournisseurs de contenus et sur la publicité que nous diffusons. Sans les dépenses de recherche et développement, notre activité grand public peut donc rapidement parvenir à l'équilibre. Ainsi, l'activité globale française devrait être à l'équilibre dès 2001. Parallèlement, nous entendre poursuivre notre développement international vers l'Allemagne et l'Italie. Pour cela et pour nos autres projets, nous aurons évidemment besoin de lever de l'argent au cours des prochains mois, afin de compléter les deux premiers tours de financement de 2,5 et 26 millions de francs réalisés respectivement en décembre 1999 et en mai dernier.
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