Lagardère échange Club Internet contre 6,5% de T-Online

Club Internet entre dans le giron de Deutsche Telekom. Le géant allemand des télécoms a annoncé ce matin l'achat de 99,9% du fournisseur d'accès français Club Internet (380 000 abonnés) en échange de 6,5% du capital de sa filiale T-Online. Leader des fournisseurs d'accès européens à l'internet, avec 4,2 millions de clients, T-Online a une valeur boursière comprise entre 15 et 17 milliards d'euros, selon une estimation faite aujourd'hui par le Financial Times. Deutsche Telekom envisage d'ailleurs de placer T-Online partiellement en bourse en avril. Contrôlant Hachette, propriétaire du groupe Europe 1, actionnaire de CanalSatellite et éditeur de chaînes thématiques, Lagardère est en pleine phase de "numérisation" de sa stratégie, a expliqué Arnaud Lagardère, co-gérant du groupe. Toutefois cette alliance entre Lagardère et l'opérateur allemand n'a pas de caractère réellement définitif. L'échange Club-Internet contre participation dans T-Online porte sur les accès à la Toile, mais le volet concernant les portails et donc les contenus est prévu pour une durée de trois ans renouvelable, ont précisé Arnaud Lagardère et Wolfgang Keunje, président du directoire de T-Online. Le fils de Jean-Luc Lagardère a en outre insisté sur le caractère "non exclusif" des accords que pourrait passer son groupe avec les différents portails internet. "Sur internet, nous sommes dans un monde où l'exclusivité n'est pas de mise", a dit Arnaud Lagardère. Quarante-huit heures avant la finalisation de cette cessiont, Grolier, autre société du groupe Lagardère, a annoncé qu'elle allait fournir des contenus pour l'ensemble des nouveaux supports de diffusion (Internet, téléphones mobiles et télévision interactive) en regroupant les banques de données des filiales de Lagardère Médias. Ces banques de données "couvrent cinq grands secteurs: information, tourisme, référence (encyclopédies), pratique et divertissement". Elles proviennent de toutes les marques du groupe Lagardère, des magazines d'Hachette Filipacchi Médias (HFM) à l'agence photo Gamma, en passant par l'Encyclopédie Hachette. C'est d'ailleurs Grolier qui édite déjà des portails thématiques pour Club-Internet. Mais le jeune co-gérant de Lagardère a aussi insisté sur les activités commerciales de la "net-économie". "Nous sommes des éditeurs, mais aussi des commerçants", a-t-il dit. La participation de Lagardère dans T-Online, aujourd'hui de 6,5%, pourrait aussi être modifiée, à la hausse ou à la baisse après l'introduction en bourse de la société allemande prévue en avril. Dans l'hypothèse d'une dilution de cette participation, "nous ne compterons pas souscrire aux éventuelles augmentations de capital", a dit Arnaud Lagardère. Evoquant le récent mariage entre les géants américains AOL et Time Warner, M. Lagardère a défendu cette idée de convergence. "Je n'aime guère cette expression et je préfère parler de synergies inévitables entre contenus et contenants", a-t-il dit. La convergence est devenue une véritable stratégie pour certains groupes qui intègrent par exemple, cinéma, audiovisuel, réseaux câblés, téléphonie et internet. Les géants des services, comme Vivendi, en ont fait un véritable pari industriel. "Des tuyaux vides, cela sonne creux", se plaisait à dire Jean-Marie Messier, pdg de Vivendi avant que la société n'engloutisse successivement les groupes Havas et Canal+. Après le lancement de T-Online Autriche, le partenariat avec Club internet "marque la poursuite de la stratégie d'internationalisation de Deutsche Telekom" a pour sa part souligné le président du directoire du géant allemand, Ron Sommer. "Cette nouvelle initiative franco-germanique illustre également notre volonté d'établir une véritable alliance européenne dans le domaine des services online", a-t-il ajouté. D'importantes synergies pourront ensuite en effet voir le jour à travers la coopération entre T-Online et Club internet ainsi que Siris, le numéro deux français des opérateurs alternatifs s'adressant aux entreprises, racheté fin 1999 par Deutsche Telekom, a-t-il poursuivi. L'opérateur allemand a par ailleurs annoncé qu'il mettait sur les rails une société commune avec le groupe Kirch en matière de plateforme multimedia, dont il détiendra 51%. L'objectif de cette coopération vise à développer la technologie originale du décodeur d-box pour la télévision numérique que Kirch a imposée en Allemagne via sa filiale Beta Research, qui sera intégrée dans la société commune avec Deutsche Telekom. Mais le patron du géant allemand des télécommunications, Ron Sommer, n'envisage pas de s'arrêter en si bon chemin. Dès ce matin, lors de sa conférence de presse à Bonn, il n'a pas exclu d'étendre encore ses activités en France. "Je ne veux pas lancer de spéculations, cependant je peux très bien m'imaginer que nous développions d'autres activités sur ce marché européen prioritaire pour nous", a-t-il reconnu. Après ces annonces, le titre Lagardère a gagné jusqu'à 12,5% ce matin à Paris avant de reculer de 2,19% à 94 euros à peu avant midi, après une réservation à la baisse. L'action Deutsche Telekom était à la mi-séance, par contre, en hausse de 3,49% à 89 euros.Par ailleurs, l'opérateur allemand se dirait aujourd'hui prêt à céder la majorité de ses parts dans la plupart de ses neuf sociétés régionales qui exploitent son réseau câblé en Allemagne, selon le quotidien Handelsblatt. Deutsche Telekom envisagerait de vendre non plus 35% des parts comme prévu, mais au moins 51%, ajoute le quotidien sans citer de source. Deutsche Telekom souhaiterait en réalité conserver 25% et une action dans ces sociétés, selon le quotidien allemand qui précise même que l'opérateur aurait déjà sélectionné la filiale de la Deutsche Bank, DB Investor, pour le rachat de trois des neuf sociétés.Deutsche Telekom avait, pour sa part, indiqué fin janvier mener des négociations exclusives avec trois candidats, dont Callahan (Etats-Unis) et UPC (Pays-Bas) pour le rachat partiel de son réseau câblé dans quatre Etats régionaux (Laender).
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