Global One offre une dimension internationale à France Télécom

Quelques heures à peine après avoir acquis la participation que l'américain Sprint possédait dans Global One, France Telecom s'est entendu avec Deutsche Telekom pour lui racheter ses propres parts. Le montant total de la transaction s'élève pour l'ancien opérateur public français à 3,882 milliards de dollars cash. Concrètement, Deutsche Telekom recevra 2,755 milliards de dollars en cash pour la totalité de ses parts dans Global One et 188,5 millions de dollars de remboursement d'avances d'actionnaires consenties à Global One. Sprint recevra, lui, 1,127 milliard de dollars en cash et 276 millions de remboursement d'avances d'actionnaires. La transaction valorise 100% de Global One à 5,386 milliards de dollars, en prenant en compte le coût historique des parts de Global One détenues par France Telecom. France Télécom semblait être le mieux placé pour reprendre Global One, comme le montre la réaction des marchés financiers : ils ont salué son acquisition par une hausse de l'action France Télécom, qui gagnait 5,24% dans l'après-midi, à 134,6 euros et du titre Deutsche Telekom, enregistrant un gain de 3,60% à 72 euros. Le principal bénéfice pour France Télécom sera "de passer à une vitesse supérieure dans notre développement international", a souligné son PDG Michel Bon en présentant l'opération. La transformation d'un ancien monopole national vers un grand opérateur international est accélérée "de trois années au bas mot, par rapport à une stratégie où nous aurions dû tout faire seul", a-t-il précisé. Le chiffre d'affaires de France Télécom à l'international, qui ne représentait que 13% du chiffre d'affaires total l'an dernier, devrait dépasser les 21% dès cette année. Il sera supérieur à un quart de l'activité du groupe "très rapidement", a indiqué Jacques Champeaux, directeur général des activités entreprises. L'acquisition de Global One permet à l'opérateur français de se renforcer sur deux des marchés ayant les plus forts taux de croissance : celui des entreprises, à qui France Télécom pourra proposer des réseaux "sans couture" (sans changement de protocole ou de modalités de transmission) dans tous les pays, et celui des opérateurs de télécoms, qui feront appel à son réseau pour leurs besoins internationaux. "Si nous avions perdu Global One, une grande partie de notre clientèle de grandes entreprises aurait pu passer à la concurrence", a indiqué Michel Bon. France Télécom compte jouer à fond auprès des entreprises de sa particularité d'être à la fois un opérateur global et un opérateur local dans chacun des pays d'Europe. Selon M. Champeaux, l'ensemble France Télécom-Global One devrait accaparer 10 à 15% du marché européen des communications internet et des réseaux de données en 2004. Pour remplacer Sprint et Deutsche Telekom, qui prenaient en charge les interconnexions et le service de Global One respectivement aux Etats-Unis et en Allemagne, France Télécom devra construire une présence directe dans ces deux pays. Cela devrait représenter environ 50 millions de dollars d'investissements, selon M. Champeaux. "Grace aux 30.000 entreprises clientes que compte déjà Global One, nous sommes désormais dans une bien meilleure position pour trouver des partenaires aux Etats-Unis et en Allemagne", a assuré Michel Bon. A l'inverse, la perte de sa part dans Global One va mettre Deutsche Telekom dans une position plus difficile, puisque l'opérateur allemand se retrouve sans solution aux besoins de sa clientèle multinationale. Il va lui falloir négocier très rapidement l'achat de capacités de transmission internationale, ou alors racheter, à prix cher, un opérateur global spcialisé dans les données. France Télécom peut estimer que face à la concurrence accrue auprès des grandes entreprises, que courtisent désormais les mastodontes nés des rapprochements AT and T/British Telecom et MCI/WorldCom, il n'a pas payé trop cher son renforcement dans les services internationaux : les 5,3 milliards de dollars que lui coûteront la totalité de Global One ne représentent que 4,9 fois le chiffre d'affaires, alors que des concurrents comme Equant ou Infonet sont valorisés environ 20 fois leur chiffre d'affaires. Mais l'accord conclu entre les trois opérateurs porte aussi sur les participations de France Telecom et Deutsche Telekom dans Sprint, dont ils détiennent environ 10% (France Télécom détient 10% de Sprint FON et 5,8% de Sprint PCS). Le Français et l'Allemand se sont aussi engagés à appuyer la fusion de Sprint avec MCI WorldCom en exerçant leurs droits de vote en faveur de leur ancien partenaire américain. Par ailleurs certaines limitations à la faculté de France Télécom et Deutsche Telekom de céder leurs parts dans Sprint FON et Sprint PCS seront levées. Les deux opérateurs européens démissionneront du conseil d'administration de la société, tandis que Sprint renonce à son droit de préemption en cas de vente par DT et FT de leurs actions dans Sprint. Global One, créée en 1996, a réalisé en 1998 un chiffre d'affaires de 1,1 milliard de dollars. Ses clients représentent plus de 30.000 entreprises parmi lesquelles Coca Cola, Unilever, Japan Tobacco International... Mais la société a accumulé près de 2,7 milliards de dollars de pertes depuis son lancement.
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