Mannesmann / Vodafone : Le 1er opérateur européen pèse 186 milliards d'euros

Mannesmann a jeté l'éponge hier dans la soirée. Le conglomérat allemand a finalement accepté de s'unir au Britannique Vodafone AirTouch, qui avait lancé sur lui le plus grand raid boursier de l'histoire. Quelques heures plus tard en fin de matinée, c'était au tour des représentants des actionnaires et des salariés de Mannesmann de valider cette décision lors d'un conseil de surveillance.Le nouveau groupe, première capitalisation en Europe et quatrième mondiale, est désormais le numéro un international des télécoms. Au terme d'une résistance de trois mois, le président du directoire du groupe allemand Klaus Esser a finalement annoncé jeudi soir qu'il proposerait au conseil d'accepter l'offre du britannique, qui évalue Mannesmann à 181,4 milliards d'euros (environ autant de dollars).L'opérateur de téléphonie mobile britannique Vodafone AirTouch a amélioré son offre et l'a prolongée jusqu'au 17 février. Désormais, Vodafone propose pour chaque titre Mannesmann 58,96 actions Vodafone, contre 53,7 dans sa proposition initiale, annoncée officiellement deux jours avant Noël et qui avait été rejetée par MannesmannConséquence logique : dès ce matin, à la bourse de Francfort, l'action Mannesmann gagnait 3,26% à 336,10 euros quelques minutes après l'ouverture, dans un marché en hausse de 1,07%. Près de 825.000 actions Mannesmann ont été échangées dans le même temps. Les actionnaires de Vodafone auront 50,5% de la nouvelle entité fusionnée, ceux de Mannesmann 49,5%, a indiqué le patron de Vodafone, Chris Gent, à l'issue d'un conseil de surveillance du groupe de Duesseldorf, qui a duré plus de sept heures. M. Gent prendra la direction du nouveau groupe qui aura pour siège la ville britannique de Newbury et Duesseldorf. M. Esser restera encore cinq mois à la tête de Mannesmann, puis deviendra président adjoint de la nouvelle compagnie sans pouvoir exécutif. M. Esser, qui a livré jusque-là une bataille à coureaux tirés à M. Gent, a affirmé après le conseil de surveillance se réjouir de travailler avec le patron de Vodafone. Celui-ci s'est d'ailleurs dit confiant de réunir d'ici fin mars les dernières conditions nécessaires au rachat de Mannesmann avec le feu vert des actionnaires du groupe allemand et celui de la Commission européenne."Il n'y a pas de problème en termes de part de marché en Europe", a-t-il dit.La dernière condition sera le vote des actionnaires de Mannesmann en assemblée générale pour passer outre la clause limitant à 5% les droits de vote d'un actionnaire quelle que soit sa participation au capital. M. Gent a indiqué que cette assemblée se tiendrait au plus tard fin mars.M. Gent a assuré que l'accord annoncé en début de semaine avec le groupe français Vivendi dans l'internet restait valable. "Cela n'affecte pas l'accord, cela le renforce", a-t-il dit.Il a souligné que cet accord avait mis en évidence l'importance pour un opérateur de téléphonie mobile d'avoir une forte présence pan-européenne pour conclure des accords avec des propriétaires de "contenu" comme Vivendi. "Vivendi n'aurait pas conclu cet accord avec nous ou Mannesmann séparément", a-t-il déclaré.Il a indiqué que Vodafone Airtouch était "en discussion avec des tas d'autres partenaires potentiels" pour conclure d'autres accords de ce type. Il a évoqué une possible extension de sa coopération avec le groupe News Corp de Rupert Murdoch auquel il est déjà lié en Grande-Bretagne.Concernant Vivendi, M. Gent a estimé que son groupe pourrait conclure "une alliance dans la téléphonie fixe". "Mais cela ne veut pas obligatoirement dire une fusion", a-t-il ajouté. Le patron de Vodafone a réaffirmé qu'il n'y avait pas de "différence fondamentale" en termes de stratégie avec Mannesmann. M. Gent, qui souhaitait à l'origine n'être présent que dans la téléphonie mobile, a confirmé que le nouveau groupe serait aussi présent dans la téléphonie fixe à travers les activités de Mannesmann dans ce domaine."Le mobile restera la priorité de nos investissements", a-t-il néanmoins souligné. Alors que des acquisitions ne sont pas exclues dans ce domaine, Vodafone ne compte pas en faire dans la téléphonie fixe. M. Gent s'est par ailleurs dit confiant d'obtenir le contrôle de l'opérateur mobile espagnol Airtel autour duquel des négociations sont en cours.L'opérateur britannique Orange, racheté l'année dernière par Mannesmann, sera en revanche constitué en société séparée et indépendante pour des raisons de concurrence en Grande-Bretagne, a-t-il confirmé. L'opération devrait être réalisée à la fin de l'été ou au début de l'automne.Bien que plusieurs acheteurs potentiels se soient déjà fait connaître, Vodafone n'envisage pas de chercher un repreneur, sauf si la Commission européenne le lui demande, a-t-il réaffirmé.Les acheteurs potentiels devront s'adresser directement aux futurs actionnaires d'Orange, a-t-il dit. Les deux ex-adversaires ont également convenu de la filialisation rapide des secteurs de Mannesmann n'appartenant pas aux télécommunications, c'est-à-dire les pièces détachées automobiles, la construction mécanique et les tubes. L'abandon de ces divisions, témoins d'un passé glorieux mais désormais révolu de la firme de Duesseldorf, permettra de créer une firme Mannesmann "qui complète Vodafone", a déclaré M. Esser. Elles seront placées en bourse au milieu de cette année. De son côté, le PDG du groupe français, Jean-Marie Messier, s'est bien sûr aussitôt félicité des retombées positives de cet accord pour son groupe. L'entente entre Vodafone AirTouch et Mannesmann constitue "une excellente décision pour la construction européenne", a-t-il déclaré. Vivendi et M. Messier ont joué un rôle décisif dans la bataille opposant Mannesmann et Vodafone. La firme britannique est en effet parvenue à persuader le groupe allemand des bienfaits d'une union, après avoir annoncé le 30 janvier dernier son alliance avec le groupe français dans l'internet. Mannesmann, qui espérait voir Vivendi jouer le rôle du "chevalier blanc" pour contrer le raid de Vodafone, s'est ainsi retrouvé au pied du mur et contraint de céder. Jean-Marie Messier pourrait d'ailleurs être le vrai vainqueur de cette bataille de géants : outre son accord dans l'internet avec Vodafone, il compte bien empocher dans son escarcelle Orange, numéro trois britannique de la téléphonie mobile, que Vodafone/Mannesmann devra abandonner pour respecter les règles de la concurrence. Pour se faire, il faudra qu'il affronte France Télécom, très intéressé aussi par Orange...
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