Ce ne sont pas, pour une fois, les inquiétudes liées au coût de financement des licences UMTS qui font chuter les actions des deux opérateurs nationaux. La cause de la désaffection des investisseurs doit plutôt être recherchée dans la modification de la méthode de calcul des indices EuroStoxx. Le Conseil de supervision des indices Stoxx a en effet décidé hier de prendre en compte le "flottant libre" et non plus la capitalisation boursière totale de la société, à partir du 18 septembre 2000.Les marchés boursiers ont vivement réagi à cette perspective, provoquant une nouvelle correction des titres France Télécom et Deutsche Telekom. En début d'après-midi, l'action France Télécom abandonnait 5,04% à Paris, à 141,40 euros. A Francfort, Deutsche Telekom perdait 3,85%, à 56,25 euros. "Le flottant libre définit les actions qui ne sont pas détenues en bloc par leur propriétaire", précise le communiqué de la société Stoxx Ltd. Les indices européens ne tiendront donc plus compte des blocs d'actions détenus par les gouvernements dans les grandes valeurs telles que France Telecom ou Deutsche Telekom. La participation de l'Etat français dans France Télécom est aujourd'hui de 61%, et passera à 54% après la finalisation de l'acquisition de l'opérateur britannique Orange. Le flottant de France Telecom s'établit à 32% de la capitalisation totale de la société. Malgré l'introduction en bourse d'une troisième tranche de 6,6% du capital de Deutsche Telekom au mois de juin, l'Etat allemand conserve aujourd'hui environ 58% du capital de l'opérateur. France Telecom pourrait ainsi voir sa pondération dans l'indice Euro Stoxx 50 passer de 5,4 à 2,6% à partir du mois de septembre, provoquant une baisse de la demande des titres de l'opérateur français. La pondération de Deutsche Telekom, qui atteint aujourd'hui 6,27%, pourrait décroître de "50 à 60%", estime un analyste de la société de bourse Merck Finck & Co à Munich. Les gérants de Sicav indicielles basées sur les indices EuroStoxx, notamment, seront amenés à réduire rapidement leurs investissements sur ces actions, afin de reproduire avec exactitude les performances de leur indice de référence.A l'inverse, les pondérations de l'équipementier télécom Alcatel et de l'opérateur de téléphonie mobile Vivendi se renforceront sensiblement dans l'indice. Ces deux valeurs étaient très recherchées mardi, Alcatel progressant de plus de 3% en milieu d'après-midi et Vivendi de 2,39%.France Télécom et Deutsche Telekom subissent, depuis quelques semaines, les conséquences des inquiétudes soulevées par les investisseurs sur le financement de l'acquisition des licences UMTS. Le passage à la téléphonie mobile de troisième génération pourrait en effet être ralenti par les coûts d'investissement considérables liés au développement de cette nouvelle technologie.Pour Deutsche Telekom, la perspective de la révision des indices s'accompagne des inquiétudes liées à la possibilité du lancement d'une offre de rachat sur l'américain Sprint, estimée à 100 milliards d'euros. Un groupe de trente sénateurs américains rassemblant républicains et démocrates a annoncé lundi son intention d'intenter une action en justice si Deutsche Telekom venait à lancer une telle offre. Les élus s'appuient sur une législation qui interdit le rachat d'entreprises américaines par des sociétés étrangères publiques.

latribune.fr

20 Oct 2008, 8:45

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