Air France rattrapé par la morosité du secteur

L'embellie du résultat net d'Air France au cours des neuf premiers mois de l'année ne doit pas faire illusion. En hausse de 83 % par rapport à la même période de l'année dernière à 436 millions d'euros, celui-ci cache une érosion de 47,5 % du résultat d'exploitation au cours des trois derniers mois de l'année à 42 millions d'euros à 1,6 % du chiffre d'affaires. Pire, au cour de l'exercice clos à la fin du mois de mars, celui-ci devrait rester comparable à l'année précédente, en dépit d'une progression de 12,7 % de l'activité sur la même période, à 7,725 milliards d'euros. " Compte tenu de la saisonnalité de notre activité, le dernier trimestre de l'exercice se solde traditionnellement par un résultat négatif ", se défend la direction dans son communiqué. Seule l'introduction en Bourse de sa filiale de réservation en ligne détenue à 25 %, Amadeus, et la vente de ses titres Equant, en générant 123 millions d'euros de revenus exceptionnels, permettent de sauver provisoirement la face.Reste que cette faible performance n'est pas l'apanage d'Air France, mais touche l'ensemble des transporteurs européens, au premier chef desquels Lufthansa et British Airways. En ligne de mire, le renchérissement du carburant, facteur de forte érosion des marges à l'heure où l'exacerbation de la concurrence dans le ciel européen empêche une répercussion sur le prix des billets. Un constat auquel s'ajoute, dans le cas d'Air France, la récurrence des débrayages et le coût élevé des tempêtes, dont l'occurrence au mois de décembre a coûté à la compagnie 255 millions de francs de résultat d'exploitation.D'où la sous-performance de la valeur, qui s'ajoute à sa décote structurelle, imputable à la participation encore majoritaire de l'Etat et à l'absence de distribution de dividendes. Par ailleurs, " l'activité et la rentabilité des acteurs du transport aérien pâtissent d'une très faible visibilité, du fait des incertitudes sur l'évolution du prix du carburant et de la forte cyclicité de leur activité ", note un analyste. D'où la chute de plus de 28 % de la valeur depuis le début de l'année à 15,4 euros, autour de son niveau prévalant avant l'introduction à Paris de sa filiale de réservation, en dépit des efforts de restructuration engagés par le groupe et de la " modernisation " de sa gamme. Le soufflé Amadeus retombé, les fondamentaux du secteur l'ont finalement emporté.Mais si le repli du résultat d'exploitation a pu justifier un freinage au rally du titre de l'année dernière, la correction a été sévère, de l'avis de plusieurs analystes. Le groupe se paye aujourd'hui à peine plus de 9 fois son résultat attendu en 2000. De quoi regarder le titre avec plus de discernement.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.