Microsoft en hausse à Wall Street

L'action Microsoft gagnait 5%, à 73,25 dollars, en fin de matinée à Wall Street, moins de 48 heures après la demande officielle, par le département américain de la Justice, d'une scission du groupe en deux entités distinctes. Au même moment, l'indice Dow Jones - auquel appartient Microsoft - progressait de 0,86%, à 18 826,05 points, le Nasdaq de 2,65%, à 3963,01 points et l'indice large S&P 500 de 1,27% à 1 470,92 points. Le rebond de Microsoft a rassuré le marché, tout comme les indicateurs publiés avant l'ouverture : l'indice des directeurs d'achats (NAPM) est retombé en avril à 54,9, contre 55,8 en mars, soit en dessous du chiffre attendu par les économistes. Et l'indice des prix payés ("price paid index") est sorti à 76, contre 79,8 le mois précédent. La réaction du marché aux derniers développements de l'affaire Microsoft était très attendue : vendredi soir, c'est après la clôture qu'avaient été rendues publiques les demandes des plaignants au juge Thomas Penfield Jackson, qui conduit le procès antitrust contre le groupe de Bill Gates depuis plus de 18 mois. Comme prévu, le département de la Justice et les 19 états ayant porté plainte contre l'éditeur de logiciels ont réclamé un éclatement de l'entreprise en deux parties : l'une conservant la propriété de la gamme de systèmes d'exploitation Windows, l'autre en charge de tous les autres logiciels (à commencer par la suite bureautique Office et le navigateur Internet Explorer). Cet après-midi, le titre Microsoft était également soutenu par la confiance réitérée de plusieurs analystes dans son potentiel d'appréciation : Michael Stanek, de Lehmna Brothers, estime que l'action vaut entre 125 et 135 dollars, que le groupe soit ou non éclaté. Et George Godfrey, d'ING Barings, fixe lui aussi un objectif de cours de 135 dollars. Les deux analystes jugent les sanctions réclamées par les plaignants irréalistes et leur application improbables. Largement anticipée par le marché la semaine dernière après les révélations de plusieurs organes de presse, la demande de scission est, de plus, loin de mettre un terme à l'affaire. Le juge Jackson entendra la défense de Microsoft le 10 mai avant de donner une dernière fois la parole aux plaignants. Puis il rendra sa décision définitive. Mais Bill Gates et Steve Ballmer, le directeur général de Microsoft, ont réaffirmé ce week-end leur intention de faire immédiatement appel, ce qui aurait pour effet de suspendre l'application des sanctions. Et le dossier peut atterrir, en dernier recours, devant la Cour suprême des Etats-Unis. Au total, estiment les juristes, aucune sanction d'envergure ne devrait être appliquée avant au moins un an et peut-être plusieurs années. Interrogé dimanche sur l'éventualité d'une remise en cause du dossier après l'élection présidentielle de novembre, Joel Klein, le chef de la section antitrust du département de la Justice, a estimé que le procès se poursuivrait sous une nouvelle administration, en rappelant l'exemple d'At&T, dont le procès "a commencé sous une administration républicaine, a été poursuivi sous une administration démocrate et réglé sous une administration républicaine, celle de Ronald Reagan". AT&T avait été éclaté en neuf sociétés : la maison-mère, sept opérateur régionaux, les "Baby Bells", et Lucent, fabricant d'équipements de télécommunications. Si la valeur boursière totale de ces neuf sociétés est très largement supérieure aujourd'hui à celle du AT&T d'avant la scission, certains analystes estiment néanmoins qu'il est trop tôt pour chiffrer les conséqyences financières d'un éventuel éclatement de Microsoft. Un groupe unifié réalise des économies d'échelle et fait jouer les synergies, mais "deux sociétés pourraient être plus à même de se concentrer sur les aspects spécifiques de leurs activités", a estimé Drew Brousseau, analyste de SG Cowen, sur la chaîne financière CNBC. Pour cet analyste, le procès "va continuer à imposer un plafond sur (le cours de) l'action pendant un moment. Mais à long terme, cela reste un bon investissement, qu'il s'agisse d'une société ou de plusieurs".Bill Gates, président du conseil d'administration de Microsoft, défend l'intégrité du groupe qu'il a contribué à fonder en estimant que "la valeur (du titre) pour les actionnaires ne serait pas maintenue si le groupe était démantelé". La proposition du gouvernement américain s'appuie notamment sur une analyse du cabinet d'investissement Greenhill and Company, recruté en décembre pour étudier l'impact financier de différentes sanctions à l'encontre de Microsoft. Selon ce cabinet, "il n'y aura pas de diminution de la valeur boursière du portefeuille des actionnaires actuels de Microsoft".
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