La détente des craintes inflationnistes offre de l’oxygène aux marchés obligataires

L'avènement de la " nouvelle économie ", avec son lot d'effets d'annonce, ne favorise pas seulement les marchés actions. Il soutient de plus en plus les marchés obligataires. Pour preuve, la détente des rendements à long terme de part et d'autre de l'Atlantique, ces dernières semaines, parallèlement à la tension observée sur les taux courts. Certes, les anticipations de réduction des dettes publiques américaines et européennes ont alimenté le repli des taux longs et même, dans le cas des Etats-Unis, l'inversion de la courbe des taux.La première opération de rachat de dette publique de la part du Trésor américain, sur un milliards de dollars de titres d'Etat, s'est ainsi soldé par un taux de souscription supérieur à huit. Et certains Etats européens pourraient prendre à terme le relais, comme le souhait formulé par l'Allemagne de créer un organisme dédié de gestion de la dette en atteste. Mais ces considérations n'expliquent pas tout.Convaincus de la motivation des banques centrales à couper l'herbe sous le pied à tout risque de résurgence inflationniste, les investisseurs ne s'émeuvent plus outre mesure des risques de surchauffe. Tout au plus l'accumulation des signes avant-coureurs de pressions sur les prix, telles que les tensions sur le marché du travail ou le renchérissement des matières premières, confortent-elles les anticipations de hausse des taux directeurs de la part des banques centrales. D'où l'absence de réaction négative significative des marchés obligataires aux confirmations de la position de plus en plus restrictive de l'institut d'émission.Ainsi, la publication du Livre beige de la Réserve fédérale, dans la foulée des déclarations formulées par William McDonough, président de la Fed de New-York en faveur d'une poursuite des taux directeurs, n'a pas suscité de hausse des taux longs. Même constate en Europe. les risques de résurgence inflationnistes mentionnés dans le dernier rapport mensuel de la Banque centrale européenne n'ont pas été plus heureux à provoquer de pressions sur le marché obligataire du Vieux continent. Pire, la fébrilité de la devise européenne, qui continue de stagner autour de 0,96 dollar, en dépit de l'achat d'un milliard d'euros par la banque du Japon sur le marché des changes, en milieu de semaine, n'a pas non plus provoqué la défiance habituelle vis-à-vis des emprunts d'Etat de la zone." Les augmentations potentielles des taux monétaires ne sont plus perçues comme un danger devant se traduire par une hausse des taux longs, mais comme le gage d'une inflation encore mieux maîtrisée, constate Marc Touati, responsable des études économiques aux banques populaires. Ce qui ne justifie donc pas une remontée des taux longs ". D'autant que, cerise sur le gâteau, la soudaine décrue du prix du pétrole, depuis jeudi, a apaisé les anticipations de hausse de l'inflation importée et conforté les prévisions d'un repli des prix de part et d'autre de l'Atlantique au cours du deuxième semestre. De quoi attendre sereinement les annonces des variations des prix à la production et à la consommation aux Etats-Unis, respectivement jeudi et vendredi, et la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE, jeudi.Dans ce contexte, rien n'a empêché les Bourses américaines, Nasdaq et Dow Jones en tête, de poursuivre sa progression, pour l'un, et de rattraper une partie de ses pertes, pour l'autre. De quoi conforter la fébrilité de l'euro, tandis que les indices boursiers de la zone sont restés étales la majeure partie de la semaine.
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