Les marchés digèrent sans encombre les tours de vis de la BCE et de la Fed

Initié depuis quelques semaines, l'apaisement sur les marchés obligataires vient de bénéficier coup sur coup de la clarification des positions respectives de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne. Certes, les hausses d'un quart de point décidées par les deux banques centrales, de part et d'autre de l'Atlantique, ne sont que le prélude à un durcissement supplémentaire des conditions monétaires des deux zones. Mais en prônant une attitude préventive, en amont de toute dérive inflationniste, les instituts d'émission ont su, au mois provisoirement, rassurer les investisseurs du gradualisme de leur politique.Résultat, les rendements des titres d'Etat américains et allemands de référence, certes tous deux à des niveaux encore élevés, se sont respectivement détendus au cours de la semaine écoulée de 7 et 12 points de base pour osciller autour de 6,54 % et 5,51 %. Et les Bourses, qui ont certes connu une forte progression en 1999 en dépit de la correction obligataire, retrouvent des rythmes de croissance élevés. Le CAC 40 a gagné 9,5 % à 6275 points, au cours de la semaine écoulée, tandis que le marché américain des valeurs de croissance, Nasdaq, s'est renchéri sur la même période de près de 10 %." La croissance boursière répond aujourd'hui à l'avènement d'un mouvement structurel, en fait, une révolution technologique, et peut donc traverser sans trop d'à-coups les évolutions conjoncturelles telles qu'un resserrement monétaire ", explique Marc Touati, responsable des études économiques chez Natexis-Banques populaires. Constat problématique, au regard du souhait d'Alan Greenspan de corriger la surrévaluation de Wall Street.Pourtant, les motifs d'inquiétude ne manque pas, pour les marchés financiers. La hausse de la Bourse américaine est de plus en plus financée à crédit, tandis que les ménages américains atteignent des niveaux d'endettement inégalés. Le renchérissement du pétrole maintient un biais haussier sur l'évolution des prix à la consommation. Enfin, plus préoccupant, les tensions sur le marché du travail aux Etats-Unis s'intensifient.Le taux de chômage outre-Atlantique est en effet tombé à 4 % en janvier, soit son plus bas niveau depuis trente ans, contre 4,1% en décembre. Pire, alors que les économistes prévoyaient l'apparition de 200.000 à 250.000 nouveaux postes sur la même période, 387.000 emplois ont finalement été créés. Et cette dynamique touche l'ensemble de l'économie. Tous les secteurs ont embauché, le secteur manufacturier comme le bâtiment, qui a créé 116.000 emplois, le plus rythme le plus important depuis février 1984. L'annonce, lundi, de la hausse de la productivité américaine au cours du quatrième trimestre, précisera le potentiel inflationniste de la persistance de ces tensions sur le marché du travail.Essor de Wall Street, écartement, depuis jeudi, du différentiel de taux d'intérêt de part et d'autre de l'Atlantique, confirmation de la vigueur de l'économie américaine, " crise autrichienne "... Après avoir provisoirement bénéficié de la hausse des taux directeurs de la BCE, l'euro s'est de nouveau contracté, pour se stabiliser autour du cours prévalant à la fin de la semaine dernière, soit 0,977 dollar. En attendant une confirmation du rebond de la croissance européenne et une éventuelle réduction de l'écart de croissance entre les Etats-Unis et le Vieux continent. A cet égard, l'annonce du taux de chômage allemand en janvier et de la production industrielle en décembre, respectivement lundi et mercredi, apporteront une lumière nouvelle sur les perspectives de rattrapage de l'économie outre-Rhin. Et du coup, sur le potentiel de rattrapage de la devise européenne.
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