Les pressions inflationnistes aux Etats-Unis accélèrent la hausse des taux d’intérêts

L'insolente bonne santé de l'économie outre-Atlantique n'en finit pas d'inquiéter les investisseurs. En ligne de mire, le PIB américain a crû de 5,8 % au cours du quatrième semestre, contre une hausse auparavant estimée par les analystes entre 5 % et 5,2 % et une croissance de 5,7 % lors des trois mois précédents. Pire, si la poursuite de l'essor de la conjoncture n'a pas, jusqu'à présent, engendré de signes significatif d'accélération des prix, l'annonce d'aujourd'hui s'est accompagnée de deux indicateurs inquiétants.Tout d'abord, la composante prix du PIB s'est tendu de 1,1 % au troisième trimestre à 2 % à la fin de l'année. Certes, cette hausse s'explique partiellement par le quasi-triplement du cours du brent en 1999. Il s'agit d'un facteur extérieur à l'économie américaine, désormais incapable d'importer de la déflation via les matières premières, comme elle l'a fait en 1998.Mais le brutal renchérissement pétrole n'explique pas tout. Signe d'une exacerbation des tensions sur le marché du travail, l'indice du coût de l'emploi s'est parallèlement tendu de 0,8 % au troisième trimestre à 1,1 % entre les mois d'octobre et décembre. Du coup, la hausse du coût de l'emploi atteint 3,6 % sur l'ensemble de l'année, contre 3,8 % en 1998. Le spectre de la surchauffe resurgit, tandis que les lois économiques traditionnelles semblent progressivement reprendre le dessus. " La faible hausse des salaires en milieu d'année dernière est due à des facteurs exceptionnels, comme les anticipations de baisse de l'inflation et le nombre important de licenciements, dans le sillage de l'essor des opérations de fusion et acquisition ", explique Emmanuel Kragen, économiste à la BNP.Résultat, les craintes de hausse imminente des taux directeurs de la Réserve fédérale, dont le FOMC se réunit mercredi, s'intensifient. Pour preuve, le taux du titre d'Etat américain de référence à deux ans gagne plus de 10 points de base à 6,6 %. Et les marchés obligataires à plus long terme ne sont pas en reste. Après une semaine d'accalmie, le taux du titre d'Etat américain à 10 ans de référence s'est tendu de 7 points de base à 6,79 %, retrouvant son niveau de la fin de la semaine dernière.Pénalisante pour les marchés américains, cette annonce ajoute de l'huile sur le feu en Europe. Déjà mis à mal par la recrudescence de l'inflation en Allemagne et en France et par la fébrilité de l'euro, le taux du titre d'Etat allemand (Bund) à 10 ans s'est de nouveau tendu jusqu'à 5,63 %.Seul élément positif pour les marchés obligataires de la zone, la masse monétaire, mesurée par l'agrégat M3, a progressé de 6,4 % en décembre en rythme annuel, contre une hausse prévue autour de 6,7 %. Si la Banque centrale européenne défend un plafond de 4,5 %, les larges injections de liquidités initiées par les autorités monétaires sur le marché interbancaire afin de palier à toute panique en cas de bogue, expliquent pour une large part cette proportion.Après ces annonces, le sursis de l'euro a été de courte durée. Tombée jusqu'à 0,9843 face au dollar en matinée, la devise européenne ne s'est appréciée qu'aux alentours de 0,9865, avant de revenir à son niveau initial.Tout d'abord, la correction du marché obligataire américain a alimenté l'écartement du différentiel de taux d'intérêt de part et d'autre de l'Atlantique. Celui-ci, sur une maturité de 10 ans, s'est creusé de huit points de base par rapport à la veille, pour atteindre 124 points de base. Enfin, la réaction de Wall Street à ces statistiques est restée modérée. Le Dow Jones se repliait à 16 heures 30 de 0,5 % à 10.975 points, tandis que le Nasdaq limitait ses pertes à 0,3 %. Autant de freins à un rebond de l'euro.
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