L’absence de bogue informatique intensifie les craintes de hausse des taux courts

Bonne nouvelle pour les entreprises, moins bonne nouvelle pour les marchés. Alors qu'aucun bogue d'envergure n'a été signalé tant sur les marchés financiers que dans les systèmes d'informations des sociétés de par le monde, les banques centrales ont perdu un de leurs derniers prétextes pour ne pas relever leurs taux directeurs dans les mois à venir. Lorsqu'elle a opté pour le statu quo, le mois dernier, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait en effet mentionné la nécessité de ne pas ponctionner de liquidités sur les marchés financiers afin de palier à tout risque de panique en cas de bogue, lors du passage de fin d'année. Las, l'absence de tumulte depuis le premier janvier a paradoxalement mis en lumière la persistance des facteurs qui militent pour de nouvelles hausses des taux et une baisse des injections de liquidités : risques de surchauffe de l'économie américaine, regain de vigueur des conjonctures européennes, ou encore exubérance de Wall Street...Résultat, le rendement du titre d'Etat américain à 30 ans de référence s'est tendu lundi de 10 points de base à 6,58 %, soit son plus haut niveau depuis plus de deux ans, entraînant la chute de Wall Street. Le climat délétère sur les marchés américains a mécaniquement altéré l'attitude des investisseurs en Europe. Le taux du Bund à 10 ans a augment de 9 points de base à 5,44 % et provoqué le repli des Bourses du Vieux continent, pourtant ouvertes lundi matin sur une note ferme.Cette exacerbation de la désaffection envers les obligations intervient pourtant au moment où l'économie américaine montre un de ses premiers signes d'apaisement. L'indice NAPM, qui synthétise les perspectives d'activités des directeurs d'achat des 300 principales entreprises manufacturières américaines, s'est détendu le mois dernier de 0,7 points par rapport au mois de novembre à 55,5, alors qu'une stabilisation était globalement attendue. " Le secteur manufacturier a continué son expansion en décembre et ce pour le onzième mois consécutif mais à un rythme moins soutenu qu'en novembre ", a relevé dans un communiqué Norbert Ore, président du NAPM.Parallèlement, la composante prix de l'indice n'a progressé que de 0,4 points à 65,7. Cette hausse n'a donc pas compensé la forte baisse enregistrée au cours du mois précédent. Pire, la partie du NAPM la plus touchée par l'effritement de l'indice NAPM est la composante commandes, indicateur avancé de l'activité dans les mois à venir. " Malgré l'absence avérée de signes de surchauffe et la confirmation que la vigueur économique aux Etats-Unis n'est pas trop inflationniste, la Fed n'aura d'autres choix que d'essayer de faire reculer le Dow Jones à court terme. Et ce, pour éviter qu'un krach intervienne dès l'automne prochain, c'est à dire à un mois des élections présidentielles ", note Marc Touati, directeur des études économiques chez Natexis-Banques populaires.Les incertitudes sur les marchés financiers américains sont par ricocher pain béni pour l'euro, qui récupère ainsi une partie de ses pertes de ces dernières semaines. La devise européenne s'est renchérie jusqu'à 1,027 dollar, contre 1,006 vendredi soir.La dépréciation des actifs américains a en revanche fortement pénalisé le dollar, nécessitant même une nouvelle intervention de la banque du Japon. L'institution nippone a ainsi vendu du yen sur le marché des changes, provoquant un rebond artificiel du billet vert de 101,6 yen à 103,1 ce matin.
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