La hausse de Wall Street maintient l’euro sous pression

Le " potentiel d'appréciation " de l'euro, prétexté depuis plusieurs mois par la Banque centrale européenne pour ne pas intervenir plus frontalement sur le marché des changes, reste encore un vœux pieux. Après avoir buté sur plusieurs résistances, la devise européenne clôt une semaine de stagnation, avec une parité qui oscille entre 0,98 et 0,985 dollar. Plusieurs facteurs expliquent la vulnérabilité de la devise.Sur le front conjoncturel, l'écart de croissance ne semble toujours pas sur le point de se résorber de part et d'autre de l'Atlantique. Posé comme un préalable à un rattrapage de l'euro, cette asymétrie conjoncturelle vient d'être alimentée par de nouveaux indicateurs. D'une part, les ventes au détail ont reculé outre-Rhin de 2 % en novembre, alors qu'une progression de 1,5 % était attendue par les économistes. Un constat qui retarde les perspective de décollage de l'économie et qui gomme l'accueil favorable des marchés au recul du taux de chômage allemand à 10,1 % en janvier. Constat inquiétant, les investisseurs restant braqués sur l'Allemagne, qui représente pourtant 30 % de l'Euroland, pour jauger la conjoncture de l'ensemble de la zone.En revanche, l'économie américaine reste sur son nuage. Les indicateurs conjoncturels sont tous au vert, même si le département américain du commerce vient d'annoncer une progression de 0,3 % des ventes de détail outre-Atlantique au mois de janvier, contre une hausse attendue de 0,6 % et une augmentation de 1,7 % un mois auparavant.Parallèlement, les tensions inflationnistes commencent à poindre au sein de la plupart des pays de la zone, comme en Allemagne, où la progression des prix en janvier vient d'être révisée à 0,3 %, pour une augmentation de 1,6 % en glissement annuel. Et le constat est similaire chez la plupart de ses homologues, l'Espagne obtenant la palme avec un taux d'inflation de 2,9 %. A ce rythme, l'éventualité d'un nouveau tour de vis de la part de la BCE fait l'unanimité des investisseurs. D'où la fébrilité des marchés obligataires de la zone, relayée par les remous de la scène politique européenne. Les désengagements des investisseurs internationaux constatés ces derniers mois en témoignent.Mais surtout, la vigueur de Wall Street et l'optimisme des investisseurs sur les actions américaines alimentent la bonne tenue du billet vert. " Non seulement les flux de capitaux en direction des Bourses a joué un rôle croissant dans l'évolution du marché des changes, ces douze derniers mois, mais les opérateurs s'appuient de plus en plus sur Wall Street pour anticiper à court terme la parité euro/dollar ", constatent les analystes de Warburg Dillon Read. Or même si le Dow Jones oscille près de 9 % en-deçà de son plus haut niveau historique atteint mi-janvier, le marché outre-Atlantique des valeurs de croissance conserve toujours les faveurs du marché.En ligne de mire, la forte croissance de la productivité américaine, de 5 % au cours du quatrième trimestre de l'année dernière, non seulement apaise les inquiétudes quant à la résurgence de tensions inflationnistes, et par conséquent abaisse la prime de risque attachée aux actions, mais alimente les anticipations de hausse des bénéfices dans les années à venir.Du fait de la capitalisation bien supérieure de Wall Street par rapport à ses homologues d'Europe continentale, la progression de la plupart des indices boursiers européens, depuis le début de l'année, n'influe ainsi que marginalement sur les parités de change. Par ailleurs, les déséquilibres pesant sur l'économie américaine ne semblent toujours pas effrayer les opérateurs du marché des changes. " Le très fort déficit extérieur des Etats-Unis ne pénalisera pas le dollar tant que les marchés financiers américains offriront des perspectives de retour sur investissements supérieurs ", estiment les analystes de Warburg Dillon Read.Résultat, la BCE, qui a relevé d'un quart de point à 3,25 %, son principal taux directeur, la semaine dernière, ne parvient pas à inverser la vapeur. N'en déplaisent aux autorités monétaires de la zone, de plus en plus axées sur le risque inflationniste émanant de la faiblesse persistante de l'euro.
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