L’essor du CAC 40 reste l’apanage exclusif des valeurs technologiques et médias

Le brusque essor du CAC 40 ne doit pas faire illusion. Si l'indice des valeurs vedettes de la Bourse de Paris a bondi de plus de 15 % depuis son trou d'air du début du mois de janvier, seules onze valeurs ont progressé depuis le début de l'année, sur les quarante que compte l'indice, monopolisant la plus grosse part des volumes. A l'instar du rally de l'année dernière, durant lequel six titres ont contribué à 30 % de la performance du CAC 40, les secteurs des médias, des télécommunications et des technologies restent au cœur des faveurs des investisseurs. Même constat sur l'ensemble des indices SBF 120 et 250, où ce secteur accapare l'écrasante majorité des gains depuis le début de l'année.Sur le CAC 40, seuls dérogent à la règle TotalFina, en hausse de près de 2,8 % en cinq semaines, et Suez lyonnaise des eaux, en progression de presque 9 %. Ce dernier cas est, il est vrai, biaisé par l'engagement du groupe dans l'acquisition de la quatrième licence de téléphonie mobile en France.Pour autant, les fondamentaux de l'ensemble des valeurs de la cote sont en constante amélioration. Après avoir augmenté de 15 % en 1999, le résultat net par action de 110 des 120 valeurs du SBF 120 devraient croître, selon les analystes d'Aurel Leven, autour de 17,5 % cette année, et de 16 % en 2001. Et cette amélioration est loin de concerner les seuls secteurs de croissance. " Certaines valeurs cycliques européennes enregistreront, par le biais de volumes vendus plus importants qu'initialement prévus, des croissances de résultat supérieures aux attentes, grâce à des améliorations de marges ", estime le bureau d'analyse. Par ailleurs, la consolidation sectorielle au sein des pays de la zone est aujourd'hui en phase d'accélération, engendrant des opérations transfrontalières potentiellement rentables pour les actionnaires des sociétés cibles.Enfin, " l'Europe dispose d'une réserve considérable de valeurs sous-performantes, qui évoluent dans des industries matures, fortement génératrices de liquidités et avec un potentiel d'endettement significatif ", constatent les analystes de Salomon Smith Barney. En ligne de mire, certains secteurs défensifs et cycliques, qui pourraient être amenés à initier d'amples rachats d'action ou à accélérer leur croissance externe par endettement afin de palier à leur faible rentabilité relative.Comment expliquer, dans ce contexte, la sous-performance de l'intégralité des valeurs hors télécommunication, média et technologie, depuis le début de l'année ? Tout d'abord, aussi assainis soient leurs fondamentaux, les perspectives de croissance de ces sociétés restent en-deçà de celles des entreprises évoluant dans des secteurs " de croissance ". Or le contexte économique financier actuel, qui combine conditions monétaires encore largement accommodantes et bonne visibilité conjoncturelle, milite pour une prise de risque accrue des investisseurs.Enfin, le développement croissant de la gestion indicielle accroît le mimétisme des investisseurs. Lorsqu'une catégorie d'actions a la faveur des investisseurs, comme, aujourd'hui, les valeurs technologiques et médias, leur cours augmente mécaniquement. " Leur poids dans l'indice montant, il y a hausse de la demande pour ces actions, donc maintien de la hausse de leur cours et baisse, au contraire, des cours des autres actions ", constate Patrick Artus, responsable de la recherche chez CDC Marchés. D'où, du fait de la surpondération préconisée par de nombreux bureaux d'analystes sur les secteurs de croissance, une volatilité accrue de la cote et une sous-performance amplifiée des secteurs les moins à la mode du moment. Tandis que ces secteurs bénéficient d'une opinion favorable de la part des établissements financiers, les opinions des professionnels sont de plus en plus déconnectés des performances des titres suivis.Enfin, tandis que les investisseurs calquent progressivement les valorisations des secteurs de croissance sur les multiples constatés sur le Nasdaq, le retour en grâce des valeurs aujourd'hui délaissées à la Bourse de Paris pourrait mécaniquement provenir d'une correction du marché américain. La sous-performance des valeurs cycliques et défensives du CAC 40 pourrait ainsi prendre fin dans le cadre d'un fort regain de tension des taux d'intérêts. A cet égard, la Réserve fédérale est au centre des préoccupations.
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