Deux salariés de la COB soupçonnés de délit d'initié

Deux salariés du "gendarme" de la bourse française, la Commission des opérations de bourse (COB), sont soupçonnés d'avoir profité d'informations confidentielles pour réaliser des bénéfices frauduleux, a révélé samedi le journal Le Parisien. Selon le quotidien, "cette affaire constitue une première" au sein d'une institution dont la principale mission est justement de traquer les délits d'initiés sur les marchés financiers français. "Dès la mi-mai, la COB a diligenté une enquête interne et mis à pied deux de ses salariés", dont l'un, chef-adjoint du service de l'inspection, est responsable de la surveillance des marchés, affirme Le Parisien-Aujourd'hui. Le parquet de Paris "doit être saisi dans les tout prochains jours d'un dossier de délit d'initié mettant, pour l'heure, six personnes en cause", poursuit le quotidien. Interrogé samedi par le journal Le Monde, le directeur général de la COB Gérard Rameix s'est borné à assurer que "l'enquête serait menée avec la plus grande détermination et serait terminée rapidement". L'affaire aurait débuté en mars dernier. Le groupe Lagardère s'apprêtait alors à lancer une offre publique d'échange (OPE) sur les actions de sa filiale Hachette Filipachi Medias (HFM). Conformément aux exigences de la procédure, Lagardère avait préalablement informé la COB de ses intentions. Tant que le "gendarme de la bourse" n'a pas donné son aval à l'opération et que celle-ci n'est pas communiquée officiellement au marché, ce type d'information doit rester strictement confidentielle. D'autant plus que ce genre d'opération fait généralement grimper le cours de l'action. D'ailleurs, le 26 avril, au lendemain de l'annonce officielle de l'OPE, le titre HFM avait bondi de 15,55% à la bourse de Paris. Or, selon Le Parisien-Aujourd'hui, les 22 et 23 mars, "bien avant" que cette OPE ne soit rendue publique (ndlr: le 25 avril), les parents et le frère de l'un des deux salariés mis à pied par la COB, Nathalie Law-Ye, auraient acheté des actions HFM "pour un montant supérieur à 5 millions de francs". "Au même moment, une certaine Anne Schmidt achète 12.000 actions HFM", poursuit le quotidien, qui précise qu'au total, "la famille Law-Ye et Mme Schmidt ont investi 12 millions de francs en deux jours". Mme Schmidt, "diplomate au ministère des affaires étrangères", connaîtrait "depuis ses études" Ould Amar Yahya, le chef-adjoint mis à pied. Ce dernier, ami "intime de la famille Law-Ye", aurait reçu et divulgué l'information confidentielle sur l'OPE de Lagardère. Citant l'enquête de la COB, Le Parisien-Aujourd'hui écrit que "Mlle Law-Ye et son entourage étaient au courant des intentions du groupe Lagardère" et qu'ils auraient acheté des titres HFM "pour pouvoir les revendre au meilleur prix après l'annonce de l'OPE". Outre cette affaire, "d'autres titres auraient fait l'objet d'opérations suspectes", affirme Le Parisien-Aujourd'hui. L'alerte serait venue d'un banquier: "un dirigeant de banque CPR, intermédiaire en bourse sur internet", qui aurait constaté début mai "une série de manoeuvres douteuses" de la part d'une de ses clientes, Mlle Law-Ye. La CPR aurait aussi constaté que des ordres d'achats et de ventes d'actions passés sur internet avaient été "effectués à partir d'un ordinateur localisé" dans les bâtiments de la COB. Mlle Law-Ye, employée depuis "environ deux ans" à la COB, "conteste vigoureusement toutes les accusations reprises par la presse", a déclaré samedi à l'AFP son avocat, Me Yoram Leker. "La COB n'apporte aucune preuve", a affirmé Me Leker, soulignant qu'une mise à pied "ne préjuge absolument pas de la culpabilité" de sa cliente. Interrogé par Le Parisien-Aujourd'hui, l'avocat de M. Yahya a assuré que son client était totalement étranger à cette affaire. "On ne lui a toujours pas dit ce qui lui était exactement reproché", a déclaré Me Daniel Richard.
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