Les chiffres de l’emploi américain renforcent les tensions sur les taux longs

Le taux de chômage aux Etats-Unis s'est établi à 3,9% en avril comparativement à 4,1% en mars, et l'économie a engendré 340.000 emplois nets supplémentaires, a annoncé vendredi le département du Travail. Les analystes tablaient généralement sur un chômage à 4% et sur 315.000 créations nettes d'emplois. Cette information a provoqué de nouvelles tensions sur les taux longs américains. Le rendement des obligations d'Etat à 10 %, qui sert de référence aux marchés boursiers, s'est établi à 6.49 %, en hausse de 6 points de base par rapport à la clôture de la veille. Il s'agit de son plus haut niveau depuis le milieu du mois de février 2000. Au cours du mois d'avril, le rendement du T-Bond à 10 ans était temporairement passé sous les 6 %, après l'annonce par le gouvernement américain des modalités du programme de rachat de la dette fédérale.Depuis, le réveil de l'inflation a poussé les taux longs vers le haut. L'indice des prix à la consommation en mars, publié le 14 avril dernier, est ressorti en hausse de 0.7 % par rapport à février et de 3.7 % en glissement annuel. Plus inquiétant, l'indice de base - qui exclut les prix de l'énergie et des biens alimentaires - a enregistré une hausse de 0.4 % en mars, et de 2.4 % en glissement annuel.Pour Fédéric Leroux, de la société d'investissement Prigest, le mouvement de hausse des taux longs est loin d'être achevé. Il pronostique d'ailleurs une hausse de 50 points de base de ses taux directeurs par la Réserve fédérale à l'issue de sa réunion du 16 mai. " La Fed ne s'arrêtera pas là ", précise-t-il. " Le rendement du 30 ans pourrait monter jusqu'à 7.50 % avant la fin de l'année, ce qui provoquerait un retournement brutal des marchés actions ".En accroissant le coefficient d'actualisation des cash flows futurs, la hausse des taux entraîne une révision à la baisse des niveaux de valorisation des sociétés cotées. Elle rend également plus attractifs les placements obligataires pour les investisseurs, ce qui peut provoquer des mouvements de réallocation des actifs des marchés actions vers les obligations.François Chevallier, économiste de la banque Natexis, considère que l'évolution des taux de change pourrait limiter les anticipations inflationnistes, et ralentir la hausse des taux longs. " L'appréciation du dollar contre l'euro et le yen devrait favoriser un ralentissement de l'économie américaine, limitant les tensions inflationnistes outre-Atlantique". Il estime toutefois que le " Bull market " n'est plus d'actualité aux Etats-Unis : " Les records affichés en début d'année ne devraient être battus ni en 2000, ni en 2001. Je table sur une indice S&P 500 à 1520 points en décembre 2001, un niveau proche de son record de mars 2000 ".Dans ce contexte, les marchés attendront avec appréhension les indices des prix à la production et à la consommation en avril, qui seront publiés jeudi et vendredi prochain. Le reflux des prix pétroliers, après l'annonce par l'OPEP d'une augmentation de ses quotas de production, pourrait favoriser un apaisement des tensions inflationnistes aux Etats-Unis. Les investisseurs essaieront de lire dans ces statistiques l'orientation que va donner la Réserve fédérale à sa politique monétaire.Les valeurs du Nasdaq, qui sont traditionnellement moins dépendantes des mouvements sur les taux, sont menacées par un autres danger. L'accroissement considérable de l'offre de titres sur le marché américain des valeurs de croissance pourrait décourager des investisseurs déjà sévèrement touchée par la correction intervenue entre le mi-mars et le mi-avril. " La fin des lock up (périodes de 12 à 18 mois au cours desquelles les actionnaires originaux d'une société nouvellement introduite ne peuvent pas céder leurs titres) pourrait donner lieu, en mai, à la mise sur le marché de nouveaux titres pour un montant de 145 milliards de dollars ", explique Bruno Le Chevallier, qui s'occupe de l'allocation d'actifs pour la Lloyds Bank.René Choulet, gérant du fonds GlobalTech US, partage ce point de vue : " Le marché est actuellement saturé par une offre démesurée de titres. 42 % du capital de Drugstore.com est par exemple disponible aujourd'hui sur le marché, contre seulement 12 % lors de l'introduction en bourse."
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