L'euro chute après la décision de la BCE

La BCE a relevé ses taux de 25 points de base à l'issue de la réunion du Conseil des gouverneurs qui se tenait aujourd'hui à Francfort. Cette décision était attendue : 13 des 26 économistes du panel AFP/AFX, interrogés la semaine dernière, tablaient sur une hausse de taux ce jeudi. La nouvelle dégringolade de la monnaie unique en début de semaine rendait nécessaire une intervention de la Banque centrale européenne.Le taux Refi - utilisé par les banques pour leurs opérations de refinancement - s'établit donc à 3.75 %, contre 3.50 % depuis le 16 mars dernier. Depuis novembre 1999, la BCE s'est engagée dans un mouvement régulier de durcissement de sa politique monétaire. Après une hausse de 50 points de base le 4 novembre 1999, la BCE a choisi de procéder, à trois reprises, à un relèvement d'un quart de points de ses taux directeurs.Dans le communiqué qui accompagne la décision, le Conseil des gouverneurs réaffirme son intention de "réagir d'une manière préventive à la hausse des risques pour la stabilité des prix". Le bas niveau de la devise européenne est simplement signalé comme l'un des soucis de la Banque centrale européenne dans son appréciation des tensions inflationnistes.Les marchés des changes ont manifestement peu apprécié la décision de la BCE : la monnaie unique est tombée à un nouveau plus bas historique contre le dollar à 0.915 USD (0.9167 USD précédemment). Ils n'ont pas compris la nécessité d'un nouvelle hausse des taux dans un contexte où les tensions inflationnistes s'apaisent dans la zone euro. Les chiffres provisoires d'inflation publiés en Italie et en Allemagne confirment cette tendance. L'indice italien des onze villes les plus importantes est ressorti en hausse de 2.3 % en glissement annuel en avril, contre + 2.5 % le mois précédent. En Allemagne, l'indice provisoire des prix à la consommation s'est établi à + 1.5 % en avril, un chiffre inférieur de 0.4 point de pourcentage à celui de mars.Lors de la conférence de presse du 13 avril dernier, Wim Duisenberg s'était cependant employé à dénoncer les effets de la dépréciation de le monnaie unique sur le prix des produits importés dans la zone euro. Son discours est conforté par les chiffres publiés ce matin en Allemagne : les prix à l'importation sont ressortis en hausse de 0.8 % en mars et de 10.9 % en glissement annuel. Svenja Nehls-Obegi, qui suit les décisions de la BCE pour la Caisse des Dépôts et Consignations, atténue cependant la portée de ces chiffres : " Malgré la hausse des prix à la production (+ 5.5 % en glissement annuel en mars), les prix des produits finaux croissent peu. Les industriels ont préféré comprimer leurs marges, plutôt que répercuter la hausse des prix des biens intermédiaires. L'effet sur l'indice des prix à la consommation est donc faible ".Les marchés craignent également que le renchérissement des conditions de crédit bride la croissance européenne. Les économies italienne et allemande restent convalescentes, tirées principalement par la progression de la demande extérieure. Le durcissement de la politique monétaire rendrait hypothétique le passage à une croissance auto-entretenue, dans laquelle la consommation des ménages et l'investissement des entreprises jouent un rôle prépondérant. En outre, les cambistes feront inévitablement la comparaison avec les chiffres de la croissance économique américaine au 1er trimestre, qui seront publiés aujourd'hui à 14h30. Le consensus des économistes fait état d'une hausse de 1.5 % du PIB en rythme trimestriel, contre + 0.9 % dans la zone euro au 4ème trimestre de l'année dernière. Le différentiel de croissance devrait donc continuer de peser sur le cours de la monnaie unique.
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