Faiblesse persistante de l’euro

Malgré un " potentiel d'appréciation " maintes fois souligné par les membres de la Banque centrale européenne, l'euro continue d'accumuler des records à la baisse. Il aura suffi, cette fois, d'un indice IFO un peu moins bon qu'attendu au mois de mars (100,5 contre 101,5) et de la démission du Président du Conseil italien pour que la devise européenne teste de nouveaux planchers face au dollar.Les avis des économistes convergent. Pour Anne Beaudu, spécialiste de la zone euro au Crédit Agricole, il est clair que les marchés ont un biais négatif dans leur approche de la devise européenne : " L'euro est victime de la surréaction des marchés des changes. Chaque mauvaise nouvelle est amplifiée, alors que les signes positifs sont passés sous silence. S'il est vrai que l'euro est traditionnellement sensible à l'indice IFO, le rapport de mars ne justifiait pas une baisse aussi violente de la monnaie unique. ". Olivier Gasnier, économiste de la Société Générale, précise que des facteurs techniques ont ajouté au mouvement baissier : " De gros investisseurs ont certainement débouclé des positions longues sur l'euro, amplifiant le repli de la monnaie unique ". Tous deux reconnaissent qu'il est surprenant que l'euro n'ait pas bénéficié de la publication, hier, d'un déficit commercial américain supérieur aux attentes (29,2 milliards de dollars en février, contre un consensus de 28,5 milliards de dollars).Antoine Brunet, économiste de la société d'investissement Aurel-Leven, estime quant à lui que la baisse de l'euro est imputable à quatre facteurs : " La persistance d'un important différentiel de croissance entre l'Europe et les Etats-Unis continue de peser sur la monnaie unique. A cela s'ajoutent des anticipations de hausse des taux courts américains en raison des tensions inflationnistes qui commencent à se manifester outre-Atlantique. Ensuite, les cambistes sont convaincus que la Banque centrale japonaise va de nouveau intervenir sur les marchés des changes pour stopper l'appréciation du yen, c'est à dire qu'elle va acheter du dollar et vendre du yen. Par un effet mécanique, le dollar s'appréciera contre l'euro. Enfin, l'incertitude liée à l'entrée du Danemark dans la zone euro achève de détériorer la confiance des investisseurs dans la monnaie unique ". L'économiste estime que l'euro vaudra 0.91dollar à la fin juin.Patrick Artus a une position plus radicale. Le directeur de la recherche économique de la Caisse des dépôts et consignations pense que " l'euro restera une monnaie structurellement faible tant que l'écart de croissance potentielle entre les Etats-Unis et l'Europe ne se résorbera pas ". Cet écart engendre en effet des sorties de capitaux (investissement directs et investissements de portefeuille) de l'Europe vers les Etats-Unis, provoquant l'appréciation du taux de change du dollar. Patrick Artus pronostique d'ailleurs un euro sous les 0.90 dollar dans un proche avenir.Marc Touati, économiste en chef de Natexis, est plus optimiste. Il table sur une hausse de 50 points de base de ses taux par la Banque centrale européenne lors de sa réunion du 11 mai prochain. En réduisant considérablement le différentiel de taux courts entre les deux zones, cette décision ferait office d'électrochoc pour les marchés et permettrait de propulser l'euro au-dessus de la parité.
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