Euro : les marchés engagent le bras de fer

En intervenant vendredi sur le marché des changes, les grandes banques centrales des pays industrialisés sont entrées dans une bataille à l'issue encore incertaine. Une fois passé l'effet de surprise, les cambistes semblent bien décidés à tester la résolution des autorités monétaires. En atteste la nouvelle glissade de la monnaie unique ce lundi : en fin d'après-midi, l'euro perdait près de 1% de sa valeur contre le dollar, s'établissant à ses plus bas niveaux depuis l'intervention concertée de la BCE, de la Réserve fédérale, de la Banque du Japon, de la Banque d'Angleterre et de la Banque du Canada. A l'actif des instituts d'émission, un rebond de 1,3% de la monnaie unique depuis vendredi midi, bien peu au regard des quelques 10 milliards de dollars qui auraient été injectés sur les marchés des changes.Les ministres des finances du G7 n'ont pourtant pas ménagé leur soutien à la devise européenne lors de leur réunion ce week-end à Prague. Dans leur communiqué, ils laissent parfaitement comprendre aux opérateurs qu'ils sont prêts à intervenir de nouveau en cas de rechute de l'euro. Une menace qui a cependant perdu un peu de sa crédibilité avec les déclarations du secrétaire américain au Trésor Larry Summers. Celui-ci a réaffirmé son attachement à la politique du dollar fort, déclenchant des prises de bénéfices sur la monnaie unique.Autre facteur d'incertitude pour l'euro, le référendum pour l'adhésion du Danemark à l'Union économique et monétaire reste mal engagé, même si le camp du " oui " redresse un peu la tête. A trois jours du scrutin, les sondages continuent majoritairement d'anticiper un rejet de l'adhésion, ce dont pâtit la devise européenne. Au Royaume-Uni et en Suède, l'opposition à l'euro atteint des niveaux records après la dégringolade de la semaine dernière.Dans ces conditions, les économistes estiment qu'un rebond prolongé de la monnaie unique ne peut venir que des " fondamentaux ". Marc Touati, directeur des études économique de Natexis-Banques Populaires, espère aujourd'hui que " la spirale baissière est cassée " et que les marchés vont prendre conscience de la réduction prochaine du différentiel de croissance entre l'Europe et les Etats-Unis. De quoi permettre à l'euro de repasser la barre psychologique de la parité avec le dollar d'ici le milieu de l'année prochaine, prévoit-il. Annoncée depuis maintenant plusieurs années, l'hypothèse d'une convergence des cycles européen et américain a cependant perdu une grande partie de sa crédibilité auprès des opérateurs.
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