L'euro vacillait une nouvelle fois mardi soir sur le marché des changes, passant pour la deuxième fois de sa courte existence sous le seuil des 0,85 dollar. Peu avant 19h, la devise européenne cotait 0,8494 dollar, à quelques décimales du record de faiblesse atteint dans la matinée (0,8480 dollar). Depuis son lancement, la monnaie européenne a perdu 27% de sa valeur face au billet vert et 31% face au yen. Cette glissade incontrôlée de la monnaie unique fait l'objet d'inquiétudes croissantes au sein des milieux financiers. Mardi, Michael Mussa, économiste en chef du Fonds monétaire international, a affirmé que la faiblesse de l'euro constituait aujourd'hui un véritable problème économique, et non plus un simple embarras. Si l'on peut expliquer la baisse de l'euro de 1,16 dollar (son cours du début) à 1 dollar, "trouver une raison plausible pour laquelle (l'euro) est tombé de 1 dollar à 84 cents me semble plus difficile", a notamment souligné l'économiste.Cette inquiétude se retrouve chez les responsables de la politique monétaire européenne. Eux qui ont longtemps affirmé leur confiance dans un rebond de l'euro, considèrent aujourd'hui, à l'image du Vice-président Christian Noyer, que la devise européenne est "dangereusement sous-évaluée". Wim Duisenberg avait déjà affirmé, jeudi dernier, que la BCE était très soucieuse devant l'évolution des taux de change.Le président de la Bundesbank Ernst Welteke a de son côté confirmé lundi qu'une intervention sur le marché des changes faisait partie de "l'arsenal" à la disposition de la BCE. Des propos qui n'ont eu aucun effet sur le niveau de l'euro après la "vraie fausse" intervention annoncée jeudi dernier par les banquiers centraux. La BCE avait alors indiqué dans un communiqué qu'elle allait convertir une partie de ses réserves de changes en euros, permettant un rebond temporaire de la devise européenne.Le référendum danois sur l'adhésion à l'Union économique et monétaire continue de peser sur la monnaie unique. A moins de dix jours de l'échéance, le camp du "non" est largement en tête devançant de 11 points les partisans du "oui", crédité de 48% contre 37%, tandis que 15% sont encore indécis selon un sondage Gallup publié lundi par le quotidien Berlingske Tidende (conservateur). C'est la plus grande avancée jamais enregistrée dans les sondages par les adversaires de l'euro.Dans ce contexte troublé, les cambistes estiment que le marché va continuer de tester le seuil des 0,85 dollar. Un véritable franchissement à la baisse de cette barre psychologique pourrait entraîner une nouvelle dépréciation brutale de la monnaie unique. Selon Cyril Blancheton, en charge de l'analyse technique chez Natexis-Banques Populaires, l'euro pourrait alors poursuivre sa dégringolade jusqu'à 0,8250 à un horizon de trois mois, seuil qui correspond au bas du canal baissier dans lequel est engagé l'euro.A l'inverse, seul un franchissement à la hausse du seuil des 0,90 dollar pourrait ramener l'euro dans une véritable spirale positive, estime l'analyste.

latribune.fr

20 Oct 2008, 10:27

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