Faiblesse persistante de l'euro après un nouveau plus bas contre dollar

Nouvel accès de faiblesse, pour l'euro. Echaudés par les déclarations successives des membres du Comité de politique monétaire de la Banque centrale européenne, Ernst Welteke et Christian Noyer en tête, à l'encontre d'une politique monétaire trop restrictive à court terme, certains investisseurs institutionnels japonais, au premier chef desquels des compagnies d'assurance-vie, ont massivement vendu des euros contre du yen. Résultat, maltraité face à la devise nippone, l'euro a atteint un nouveau plus bas face au billet vert, atteignant jusqu'à 0,9390 pour un dollar, soit 2,5 cents de moins que lors de son précédent record à la baisse. " Les investisseurs ne sont pas incités à acheter de l'euro, dans la mesure où la perspective de voir les taux d'intérêt en Europe monter dans un futur proche s'éloigne," résume Mitsuru Sahara, de la Sanwa Bank.Si cette réaction des marchés s'explique largement par des considérations techniques, elle dénote d'un climat toujours défavorable pour la devise européenne. En ligne de mire, l'écartement des anticipations de taux courts de part et d'autre de l'Atlantique. Car si la BCE a implicitement apaisé les craintes de hausses imminentes de ses taux directeurs, hypothèse confirmée par la décélération de l'agrégat de masse monétaire M3 en janvier, la vigueur de la conjoncture américaine alimente toujours les prévisions de plusieurs coups de frein successifs outre-Atlantique. La tension des contrats de taux courts sur les marchés à terme aux Etats-Unis en atteste.Déjà souligné par l'annonce, vendredi, d'une révision à la hausse de la croissance du PIB outre-Atlantique à 6,9 % au quatrième trimestre, en rythme annuel, et à 4,1 % sur l'ensemble de l'année, le maintien d'un différentiel de croissance élevé entre l'Europe et les Etats-Unis vient d'être étayé par un nouvel élément. Le département américain du Commerce vient d'annoncer un essor de 0,5 % des dépenses de consommation des ménages outre-Atlantique en janvier, parallèlement à une augmentation de 0,7 % de leurs revenus. Les tenants d'un atterrissage en douceur imminent de l'économie américaine en ont pour leurs frais.Christian Noyer a eu beau jeu de vouloir rectifier le tir en déclarant que les marchés ont mal interprété les commentaires de la banque centrale, peine perdue. L'euro, qui a certes réduit ses pertes en se renchérissant à 0,967 dollar à la suite de sa chute, reste sous pression. Pire, même l'intensification de la correction de la Bourse américaine ne provoque pas le sursis espéré à la devise européenne. Après sa vive chute de vendredi, le marché des valeurs de croissance américaines s'est déprécié de 1,39 %, lundi en séance, tandis que le Dow Jones est resté étale. Enfin, la brusque tension des rendements européens à long terme n'a pas été plus heureux à susciter un rattrapage de l'euro, en dépit d'un rétrécissement du différentiel de taux à 10 ans de part et d'autre de l'Atlantique sous la barre des 100 points de base, contre les 125 pb de mise ces deux dernières semaines.Seul espoir de reprise de la devise européenne à court terme, l'éventualité d'un effet d'annonce, à l'issue de la réunion Ecofin des ministres européens des finances de la zone. Toute mention à une intervention directe sur le marché des changes, déjà suggérée dans le dernier rapport mensuel de la BCE, représenterait un support indéniable à l'euro. D'ici là, la pression sur le marché de changes restera de mise.
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