La croissance américaine surprend par sa vigueur, l'euro poursuit sa chute

La croissance de l'économie américaine surprend une nouvelle fois par sa vigueur. Alors qu'un ralentissement était généralement attendu par les économistes, les statistiques publiées par le Département du commerce attestent en fait d'une accélération de l'activité au cours des trois derniers mois. Selon la première estimation, le PIB a progressé de 5,2% en rythme annuel au 2ème trimestre, contre +4,8% lors du trimestre précédent (chiffre révisé en baisse de 0,7 point).Conformément aux attentes, la consommation des ménages s'est pourtant apaisée au 2ème trimestre, ne grimpant "que" de 3,0%, contre +7,6% au 1er trimestre. Pour Evariste Lefeuvre, économiste spécialiste des Etats-Unis chez CDC Marchés, plusieurs facteurs expliquent ce ralentissement : "le relèvement des taux d'intérêt par la Réserve fédérale commence tout d'abord à porter ses fruits, en limitant le recours au crédit pour le financement des achats. Les résurgences inflationnistes, largement liées à la hausse des prix du pétrole, grignotent par ailleurs le revenu disponible des ménages, et limitent leurs velléités de consommation. Dernier élément, le mécanisme des " tax refunding ", qui avait exercé un impact positif au 1er trimestre, ne jouera plus au second. "Ce ralentissement a toutefois été compensé par la hausse de l'investissement des entreprises, qui s'accroît de près de 20% au 2ème trimestre. L'investissement immobilier est lui aussi resté vigoureux, alors qu'il était généralement attendu en baisse. La contribution des stocks est enfin largement positive : elle contribue pour un point dans la croissance du 2ème trimestre, alors qu'elle avait retiré 1,76 point à la hausse du PIB au premier trimestre.Sans surprise, la contribution des échanges extérieurs est une nouvelle fois largement négative. Les importations ont en effet progressé de 17% au 2ème trimestre, alors que les exportations ne grimpaient que de 7,3%. Par conséquent, le commerce avec l'étranger a retiré 1 point à la croissance américaine.Quelques minutes après la publication de ces statistiques, l'euro poursuivait sa chute contre le dollar. En moins de deux jours, la devise européenne a abandonné 2% contre le billet vert. Vers 15h, elle cotait 0,924 dollar, à un niveau proche de son plancher depuis deux mois (0,919 USD). La monnaie unique avait pourtant profité, la semaine dernière, des propos rassurants d'Alan Greenspan sur le ralentissement de la croissance économique américaine, qui laissaient augurer d'une poursuite du statu quo monétaire outre-Atlantique.La progression du PIB au 2ème trimestre a toutefois réintroduit le doute dans l'esprit des experts de la politique monétaire. Ceux-ci considèrent dorénavant que la Réserve fédérale pourrait procéder à un nouveau tour de vis à l'issue de la prochaine réunion de son FOMC, le 22 août prochain. Mécaniquement, la révision des anticipations de hausse des taux aux Etats-Unis pèse sur l'euro, et apporte au contraire un soutien au dollar. Les économistes commencent également à désespérer de voir un jour le différentiel de croissance se combler entre l'Europe et l'Amérique.
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