Euro : Rumeurs d'intervention des banques centrales européennes

Par latribune.fr  |   |  614  mots
L'euro a touché un nouveau plus bas jeudi sur le marché des changes, à 0,8853 dollar, avant de se reprendre nettement au-dessus de 0,89 dollar sur des rumeurs d'intervention du Système européen des banques centrales (SEBC).A 11h15, l'euro cotait 0,8916 dollar à Londres. Il était remonté jusqu'à 0,8954 dollar vers 8h50, après avoir touché peu auparavant 0,8853 dollar, son plus bas niveau face au billet vert depuis son lancement en janvier 1999. Avec cette nouvelle chute, l'euro affiche une dépréciation de plus de 23% depuis son introduction au cours de 1,1665 dollar le 1er janvier 1999. "En vendant de l'euro électroniquement, un opérateur s'est aperçu que sa contrepartie était la Bundesbank (la banque centrale allemande). Ces craintes d'intervention ont fait rapidement monter l'euro", a commenté Nick Parsons, économiste sur le marché des changes à Commerzbank, à Londres. "Mais cela ne veut pas dire qu'il y a effectivement eu une intervention, puisque la Bundesbank a aussi l'habitude d'acheter de l'euro pour le compte de clients commerciaux", a-t-il précisé.Des rumeurs d'intervention du SEBC ont circulé sur les marchés depuis que le président de la Bundesbank, Ernst Welteke, a affirmé qu'un euro sous le seuil des 0.90 dollar était " presque inimaginable ". Pour les économistes de la Société générale, cependant, il est peu probable que le SEBC soit intervenu sur la parité euro/dollar. "La défiance des investisseurs est telle vis-à-vis de la monnaie unique que le moment serait mal choisi pour décider d'une intervention. De plus, cette opération aurait un impact mineur si elle n'était pas coordonnée avec la Réserve fédérale".Nick Parsons ajoute que si l'intervention du SEBC n'est pas confirmée très vite, l'euro risque de reprendre sa descente aux enfers. Il pourrait même atteindre 0,86 dollar rapidement, précise-t-il. La Banque centrale européenne a refusé de commenter jeudi les rumeurs de marché, a indiqué un porte-parole. La BCE n'est jusqu'à présent jamais intervenue de façon officielle sur le marché des changes.Pour Jean-Louis Mourier, économiste de la société d'investissement Aurel-Leven, la faiblesse structurelle de l'euro contre le dollar est d'abord liée à la vigueur de l'économie américaine : " Les statistiques américaines publiées ces dernières semaines ne montrent aucun signe de ralentissement de l'activité aux Etats-Unis. Le PIB, publié jeudi dernier, est notamment ressorti en hausse de 5.4 % en rythme annuel au 1er trimestre 2000. L'amélioration progressive de la conjoncture de l'Euroland n'est pas suffisante pour réduire sensiblement le différentiel de croissance entre les deux zones ". Les marchés sanctionnent également, selon lui, la confusion du discours européen sur la monnaie unique. Les déclarations récentes de Mrs Pierret et Fabius ont ravivé les tensions récurrentes qui existent entre hommes politiques et banquiers centraux depuis la création de la devise européenne. Le ministre français de l'Economie et des Finances s'était déclaré hostile, jeudi dernier, à une forte remontée des taux de la Banque centrale européenne (BCE), estimant qu'elle ne permettrait pas de remédier à la faiblesse de l'euro. Le secrétaire d'Etat à l'Industrie Christian Pierret avait quant à lui estimé que la chute de l'euro n'était "pas une mauvaise chose" pour les industriels.Amélie Derambure insiste quant à elle sur le mouvement de fuite des capitaux de la zone euro vers les Etats-Unis. Attirés par des rendements supérieurs, les investisseurs européens achètent massivement les actions et les obligations américaines, au détriment des actifs libellés en euros. Cett tendance pourrait cependant s'inverser progressivement, la dépréciation de l'euro accroissant l'attractivité des actifs européens pour les opérateurs étrangers.