Les fabricants français de semi- conducteurs ont le vent en poupe

Quand on pense à l'industrie des semi-conducteurs en France, le nom de STMicroelectronics est le premier qui vient à l'esprit. Pourtant, dans l'ombre du constructeur franco-italien, star de la Bourse de Paris en 1999, se cachent quelques valeurs, certes plus petites, mais dont le parcours ne démérite pas. Loin s'en faut. Ainsi, l'action Dane Elec, cotée au Second marché, s'est appréciée de près de 300% au cours des 52 dernières semaines. Sur le Nouveau marché, le titre Soitec, PME grenobloise, a gagné 350% au cours de la même période. Quant à Picogiga, le petit dernier qui accusait un retard au niveau de sa valorisation à la fin 1999, l'action s'est bien rattrapée dernièrement : depuis le 1er janvier dernier, elle affiche une hausse de 40%. Le cours s'est réveillé suite à la publication d'un chiffre d'affaires annuel supérieur aux prévisions des analystes.Ce parcours sans faute des valeurs moyennes françaises revient sans conteste à la reprise qu'a connu le marché des semi-conducteurs dans son ensemble en 1999. Récemment, le cabinet d'études Dataquest estimait que les ventes de ces composants avaient atteint 160 milliards de dollars l'an passé, en croissance de 17,6% par rapport à l'année précédente. Reste que l'activité des entreprises spécialisées dans les semi-conducteurs diffère beaucoup selon les entreprises. Ainsi, Dane Elec est spécialisé dans la fabrication de mémoires DRAM, qui assurent la conservation de données quand l'appareil est sous tension. Ces produits sont utilisés notamment dans les PC. L'entreprise se paie désormais 16 fois ses bénéfices 2000 estimés par la société de Bourse Wargny. Même si les marges opérationnelles de Dane Elec sont faibles - à peine 4,5% en 1999, ce qui le rapproche d'un assembleur -, cela constitue un prix " encore relativement attractif " pour Harald Liberge-Dondoux, qui suit la valeur pour le bureau de recherche. D'autant plus que le marché " reste fondamentalement sain ", aux vues de ses perspectives : " Dans un contexte où l'on parle de convergence entre PC et télévision, les applications video vont demander de plus en plus de mémoires ", considère le spécialiste qui reste pour ces raisons à "l'achat." Picogiga et Soitec sont eux présents sur un marché de niche : l'arséniure de gallium pour Picogiga - qui remplace le silicium notamment dans certains composants pour téléphones portables -, et du silicium sur isolants pour Soitec, qui permet de doper les performances des tranches de silicium classiques. Si les deux entreprises sont présentes sur des marchés porteurs, la téléphonie mobile, - 20 millions de français possèdent un téléphone portable et les spécialistes estiment que le marché sera saturé aux alentours de 40 millions d'abonnés -, les niveaux de valorisation sont maintenant très élevés : le Crédit Lyonnais Small Caps estime que le PER 2000 de Picogiga atteint 39, un ratio important, même si la croissance du chiffre d'affaires devrait atteindre 24% en 2000 et 15% en 2001 et que l'endettement du groupe est totalement résorbé. Car il ne faut pas oublier que l'industrie des semi-conducteurs reste un secteur très cyclique, malgré la croisance attendue en 2000 et 2001. Quant à Soitec, la société devrait de nouveau afficher des pertes lors de son exercice 1999/2000. Si Picogiga se compare encore à son désavantage par rapport à ses concurrents en terme de valorisation, pour Harald Linberge-Dondoux, de Wargny, la seule raison qui puisse expliquer ces valorisations est que " la production de niche qu'ont développé Soitec et Picogiga aille vers un marché de masse. " Il faut que leurs produits deviennent " des standards " pour l'industrie des semi-conducteurs au cours des prochaines années. Un défi que ces industriels s'emploient à relever mais qui est loin d'être gagné étant donnée la taille des concurrents.
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