Les valeurs internet françaises échappent au syndrome Amazon

A l'exception de Liberty Surf, qui abandonnait 3% en milieu de séance, les principales "dot com" de la Bourse de Paris ne réagissaient pas, lundi, à l'effondrement du cours de l'action Amazon.com intervenu vendredi sur le marché New-Yorkais. L'action Artprice parvenait même à s'adjuger 0,54% à 27,95 euros. Amazon.com a été tiré vers le bas par les commentaires de deux banques d'affaires américaines qui s'interrogent sur la capacité du site de vente en ligne à poursuivre sa politique d'expansion à tout crin. Selon la banque d'investissements Lehman Brothers, Amazon est confronté à une insuffisance de trésorerie et un fort endettement, qui vont le pénaliser pour affronter la concurrence dans les mois à venir, surtout pendant la période des fêtes de fin d'année. L'action a plongé de 8-1/8 à 33-7/8 dollars, soit 19,3%, emmenant dans son sillage l'action du site de ventes aux enchères eBay avec une baisse de 4-5/16 (7,4%) à 53-7/8 dollars.La bonne tenue des valeurs internet françaises n'étonne pas Marc Eichinger, vice-président d'Europe Offering. "Il s'agit de sociétés qui ont vu leur valorisation divisée par deux ou trois par rapport à leur plus haut de l'année, et dont les titres sont donc redevenus abordables." Selon lui, la chute d'Amazon.com résulte avant tout du dégonflement de la bulle spéculative qui s'était formée sur le titre à la fin de l'année 1999.Les vraies victimes de la défiance des investisseurs à l'égard des "dot com" doivent plutôt être recherchées, à l'heure actuelle, parmi les entreprises candidates à l'entrée sur le Nouveau marché de la Bourse de Paris. Plusieurs ont récemment annoncé le report de leur introduction, ou révisé à la baisse les modalités de leur appel au marché. Kazibao, site ludique destiné aux enfants et adolescents, a ainsi annoncé vendredi dernier qu'il repoussait au 29 juin son introduction en bourse, prévue initialement le 23, et a ramené la fourchette de prix de souscription entre 6,1 et 7 euros, contre 9 à 10,2 euros précédemment. Le portail Aufeminin.com, qui prévoyait de s'introduire le 6 juillet au Nouveau marché de la bourse de Paris, a lui-aussi décidé de reporter l'opération à une date ultérieure, "par manque de visibilité du marché", a indiqué Anne-Sophie Pastel, PDG de la société. Le concepteur de bornes interactives internet Cyberdeck, dont la mise en Bourse était initialement prévue le 20 juin, fera finalement son entrée au Nouveau Marché le 27 juin, à un prix d'offre de 9 euros, contre 11,6 à 13,3 euros précédemment.Le revers le plus spectaculaire a été subi par Europatweb. Annoncé comme l'une des IPO vedettes de l'année, le pôle internet du groupe Bernard Arnault a finalement reculé devant l'obstacle, annonçant, le 19 juin dernier, le report de sa mise sur le marché. Europatweb n'a pas cependant des besoins de capitaux identiques à ceux des sociétés internet indépendantes. Si la rumeur court que la société a déjà "consommé" 80% des 500 millions de francs de capitaux dont elle disposait il y a un an, lors de sa création, elle disposerait, par le truchement du Groupe Arnault, d'une capacité de financement équivalente, c'est à dire de 500 autres millions de francs. Les investisseurs ne sont toutefois pas unanimement hostiles aux nouveaux entrants sur le marché parisien des valeurs de croissance. Le succès d'Highywave Optical Technologies, dont le titre s'est envolé de 140 % à l'issue de la première journée de cotation, en atteste. Marc Eichinger constate simplement que les opérateurs se concentrent sur les dossiers les plus sérieux, au détriment des sociétés présentant un Business Plan incertain. "De trop nombreuses sociétés essaient de passer en force avant l'été, ce qui provoque un afflux sans précédent sur le marché des introductions. Par conséquent, les analystes n'ont plus de temps d'étudier en détail la qualité des dossiers et se concentrent logiquement sur les introductions les plus séduisantes." Selon lui, une bonne partie des candidats à l'entrée sur le Nouveau marché n'ont pas un historique suffisant pour se présenter aux investisseurs. "Certaines de ces sociétés n'ont pas vocation à entrer en bourse pour le moment, et doivent donc assurer leur financement auprès des fonds privés d'investissement".L'introduction de Wanadoo constituera un véritable test de la position du marché français à l'égard des valeurs internet. Un accueil réservé pourrait interrompre, au moins temporairement, la vague des introductions de "dot com" sur la place parisienne. Le succès de l'opération serait par contre de nature à relancer l'intérêt des investisseurs pour les valeurs internet. Si les modalités de cette introduction n'ont pas encore été dévoilées par Michel Bon, le bruit court que la première cotation pourrait intervenir dès le milieu du mois de juillet. Elle permettra en tout cas d'y voir un peu plus clair sur un marché désorganisé. En dehors des frontières hexagonales, les investisseurs seront également attentifs à l'IPO de Letsbuyit, le site internet d'achats groupés leader en Europe, qui est programmée le 12 juillet sur le nouveau marché de Francfort.
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