Le point sur ... les valeurs du CAC 40

Le CAC 40 a retrouvé ses niveaux du début de l'année. Est-ce une simple respiration temporaire ou un mouvement de consolidation plus durable ? Il est vrai que le retour a été assez violent pour le CAC. Aux Etats-Unis, le S&P500 a perdu 8% depuis le début de l'année, le Nikkei, 6% et le Footsie, 10%. Pour autant, cette baisse fait suite à une forte hausse depuis octobre 1999. Ce qui est important, c'est la dichotomie entre les secteurs liés aux nouvelles technologies - télécommunications, médias et technologie (TMT) - et " l'ancienne économie ". Hors TMT, le CAC 40 aurait perdu 7% depuis le début 2000. En Europe, les télécommunications se sont envolées de 22%, les technologiques, de 18% et les médias, de 44% depuis le 1er janvier. L'essentiel de la hausse s'est concentré sur ces secteurs. Aux Etats-Unis, le Nasdaq a d'ailleurs progressé de 8% sur 2000. Alors quand Greenspan met en garde les marchés contre la surévaluation des actions et menace d'augmenter les taux, il est normal que le Nasdaq consolide de 3%. Il s'agit d'un petit hoquet. Toutefois, les niveaux sont devenus tellement élevés qu'on a aujourd'hui des difficultés à les expliquer. Le Nasdaq, qui est aujourd'hui le marché directeur, dont la capitalisation a dépassé celle du Dow Jones, devrait donner des signes de consolidation, voire de correction. Le timing reste difficile à évaluer, mais la courbe d'un indice qui double en quelques mois, ne plafonne pas, mais dessine plutôt une montagne. Car les positions spéculatives, qui expliquent une partie de la hausse doivent se déboucler un jour ou l'autre. Dans ce contexte, une correction de 20 à 30% ne me paraît pas improbable. Rendez-vous compte, sur six mois, en Europe, les plus-values latentes dépassent les 500 milliards de dollars. On achète un thème - la technologie -, sans savoir quel va être le chiffre d'affaires, ni les bénéfices qu'on va en retirer. Un mouvement amplifiée par la gestion indicielle en Europe, les pressions sur les gérants pour qu'ils se positionnent sur ces secteurs, et le comité scientifique des indices qui, à Paris, voudrait inclure encore plus de valeurs technologiques dans le CAC 40. Aujourd'hui, une correction serait même salutaire. En cas de consolidation durable, est-ce que toute la cote sera affectée ou les valeurs cycliques et défensives constitueront-elles des refuges ? Aux Etats-Unis, la semaine dernière, toutes les valeurs ont été affectées. Ce qui n'a pas été le cas en Europe où les secteurs plus défensifs ont joué leur rôle. Ce qui prouve que nous sommes dans un marché de flux : quand les gérants ont des doutes sur les technologiques, ils préfèrent aller sur d'autres secteurs plutôt que s'investir en cash. Mais, à l'avenir, le problème sera différent selon que le Nasdaq corrigera fortement ou pas cette année. Si le Nasdaq décroche de façon violente, alors les marchés ne feront pas le tri. La baisse sera globale. Car le risque, défini par Alan Greenspan la semaine dernière, est que la spéculation boursière conduise à une hausse de la demande. Et inversement, une baisse violente des cours peut entraîner une compression de la demande qui risque alors d'affecter l'économie réelle. Tous les secteurs en pâtiront donc. Si le Nasdaq se replie " doucement ", alors les cycliques pourraient constituer des valeurs refuges et ainsi surperformer le marché. Depuis le début de l'année, sans que les valeurs de " l'ancienne économie " soient bon marché, elles ont sous-performé le marché de 7% en Europe. Actuellement, si on enlève les 10 valeurs de l'Euro Stoxx 50 à connotation technologique, alors, l'indice - l'Euro Stoxx 40 - se situe au même niveau qu'en juin 1998. C'est à dire que le marché n'a pas pris acte de l'amélioration de la conjoncture économique. Celle-ci a été compensée par la hausse des taux. Les banques ont bien résisté la semaine dernière. Quelles en sont les raisons ? Il faut dire que leur performance boursière était particulièrement mauvaise depuis le début de l'année. Ce regain d'intérêt est à mettre sur le compte des rumeurs liées à BNP-Paribas (une OPA d'une banque allemande), ainsi que sur le compte des développements des banques espagnoles et allemandes dans l'Internet. Toutefois, aujourd'hui, la valorisation des banques est peu élevée en termes relatifs. Car le marché les joue aujourd'hui perdantes dans l'Internet. Les investisseurs anticipent une baisse de la rentabilité en raison de la concurrence effrénée, tant sur le marché domestique que sur le web, nouveau canal de distribution. Le marché table sur le fait que BNP-Paribas deviendra le Danone de Carrefour. Un positionnement sur les banques ne s'entend actuellement qu'en cas de consolidation lente du marché.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.