Le point sur ... la stratégie d’investis- sement

1. La Nasdaq a perdu plus de 15 % au cours des trois premières séances de la semaine. Les marchés européens des valeurs de croissance ont suivi le même chemin. Faut-il fuir les valeurs de la nouvelle économie ?Cette question impose deux remarques préliminaires. Tout d'abord, la correction du Nasdaq fait suite à un mouvement de hausse considérable. Dans une perspective historique, l'indice des valeurs high-tech reste à un niveau très élevé. Ensuite, on regroupe, sous le terme « nouvelle économie », des valeurs qui n'ont que peu de choses à voir les unes avec les autres. Pour ma part, je distingue les valeurs internet « pures » des sociétés de la convergence. Dans cette seconde catégorie, j'inclue les sociétés de télécommunication, de hardware (matériel informatique, réseaux), de contenu multimédia (presse, télévision, cinéma, ...), de publicité, ... En ce qui concerne les valeurs internet pures, celles qui se sont créées dans le seul but d'exploiter le potentiel du réseau, il est difficile d'échafauder un raisonnement rationnel. On ne sait pas mesurer la valorisation de telles sociétés, et acheter ces titres relève plus ou moins de la loterie. La correction subie par ces valeurs au cours des dernières semaines est justifiée par le fait que seule une petite minorité d'entre elles pourra accéder un jour au statut d'entreprise établie et profitable. Un article paru dans le Barron's du 20 mars a, me semble-t-il, mis le feu aux poudres. En annonçant que des grands noms du e-business tels que Peapod ou CDNow allaient se retrouver à court de trésorerie dans les prochains mois, cet article a refroidi les ardeurs des investisseurs. De plus, les marchés ont pris conscience de la complexité des problèmes logistiques lié à cette forme d'acticité. La livraison des produits au client final ou le retour des produits non conformes peuvent engendrer des coûts considérables. Les valeurs de la convergence sont dans une situation tout à fait différente. Il s'agit de sociétés ayant démontré leur capacité à dégager des bénéfices. Leur orientation progressive vers l'internet a certes donné lieu à quelques excès dans les niveaux de valorisation, mais ceux-ci ont été résorbés au cours des dernières semaines. Ces entreprises restent parfaitement positionnées pour tirer le meilleur parti de la révolution technologique qui est en cours.2. La faiblesse des titres de la nouvelle économie a largement bénéficié aux valeurs traditionnelles. Le DJIA est par exemple à moins de 5 % de son record de la mi-janvier. Ce mouvement est-il durable ?Les sociétés de l'ancienne économie restent, me semble-t-il, extraordinairement sous-évaluées. Après prise en compte des différences de taux d'intérêt et de taux de croissance, nous estimons que les valeurs traditionnelles sont aujourd'hui 50 % moins chères qu'elles ne l'étaient en 1988. En termes de PER, les Etats-Unis apparaissent comme le marché disposant du plus grand potentiel de hausse. Il ne faut d'ailleurs pas faire l'erreur de considérer que les entreprises traditionnelles sont exclues de la révolution technologique en cours. Une entreprise comme TotalFina utilise par exemple le réseau de façon de plus en plus intensive pour ses opérations de trading. Les « marketplace » sont d'ailleurs avant tout destinées aux sociétés de l'ancienne économie. 3. Les taux longs se sont largement détendus de part et d'autres de l'Atlantique. Faut-il voir dans ce phénomène un mouvement de fuite vers la qualité ? Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur les marchés actions ?Il n'y a pas vraiment eu de mouvement de fuite vers la qualité au cours des dernières semaines, à l'inverse de ce qui s'est passé à l'automne 1998. A l'époque, on craignait le retour de la déflation (baisse cumulée des prix et du PIB), et les taux longs se sont naturellement contractés. Aujourd'hui, la situation est toute autre : on se méfie plus de la possible surchauffe de l'économie mondiale que de sa contraction. Je suis donc sceptique sur la poursuite du mouvement de détente des taux longs. Les rendements obligataires sont déjà très bas. Dans la zone euro, par exemple, les taux réels (taux d'intérêt / taux d'inflation) sont extrêmement proches de leur moyenne de long-terme. Le potentiel de baisse est donc très limité. Un autre élément joue en défaveur des placements obligataires. Alors qu'ils sont traditionnellement considérés comme des placements moins risqués que les actions, l'histoire économique récente a montré que les obligations pouvaient connaître des phases de baisses assez catastrophiques. Le krach obligataire de 1994-1995 a par exemple eu des conséquences plus palpables que la correction des marchés actions au cours de l'automne 1998.
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