Bilan mitigé des introductions en bourse depuis le début de l’année

Vingt et une sociétés ont fait leur entrée sur les marchés réglementés de la bourse de Paris depuis le début de l'année, et douze sur le marché libre. Les résultats de ces introductions sont mitigés, en particulier pour les valeurs technologiques. Parmi les nouveaux entrants, près d'une entreprise sur deux avait, le 18 avril, une valorisation inférieure à son premier cours de cotation. De plus, la correction subie par le Nasdaq lors des dernières semaines - l'indice composite a perdu 25.6 % entre le 10 mars et le 19 avril - a freiné le rythme des introductions de sociétés de la Nouvelle économie. L'entrée sur le Nouveau Marché de la Société israélienne Electronics Line (systèmes d'alarme), programmée initialement au 6 avril, a d'abord été repoussée d'un jour, avant d'être reportée sine die. La société de conseil informatique SQLI a annoncé le 11 avril qu'elle reportait à une date non précisée son introduction au Nouveau Marché de la Bourse de Paris, initialement prévue le 12 avril. FranceNet a annulé mercredi dernier une conférence de presse de présentation de son introduction en Bourse mais a assuré qu'il maintenait son projet d'aller sur le Nouveau Marché. La SSII Soft Computing, enfin, a annoncé avoir maintenu son projet d'introduction au Nouveau Marché mais a revu en nette baisse la fourchette de prix indicative pour tenir compte des conditions de marché. La nouvelle fourchette est de 22,5-26 euros contre 28-32 euros précédemment. Cinq sociétés ont cependant fait fi de la conjoncture boursière dégradée et procédé à leur introduction sur le Nouveau marché la semaine dernière. Il s'agit de Consors France (courtage en ligne), Netgem (décodeurs d'accès à internet par la télévision), Abel (services informatiques), Emme (éditeur de logiciels éducatifs) et Telecom City (distribution de téléphones mobiles). Mal leur en a pris puisque toutes affichaient, le 18 avril, un recul par rapport à leur premier cours coté.Le nouvelle économie, adorée puis délaisséeLes " dot com " ont incontestablement été les plus nombreuses à procéder à leur introduction sur les marchés de la Bourse de Paris depuis le début de l'année. Liberty Surf et Trader.com ont ainsi accédé au règlement mensuel, sur lequel elles sont cotées respectivement depuis le 16 et le 30 mars. Elles n'ont cependant pas rencontré le même engouement. Le fournisseur d'accès gratuit à internet a soulevé l'enthousiasme des investisseurs, le titre étant sursouscrit 67.5 fois, un record sur le RM. Pour sa première cotation, Liberty Surf a affiché un cours de 53.15 euros, en hausse de 29.6 % par rapport à son prix d'introduction (42 euros). L'action est ensuite montée jusqu'à un sommet de 79 euros, avant de subir les " dommages collatéraux " de la correction du Nasdaq. Le 18 avril, en clôture, elle cote 44.92 euros, en hausse de 6.95 % par rapport à son prix d'offre.Trader.com, entreprise spécialisée dans l'édition de magazines de petites annonces, n'a pas connu la même fortune. Il faut dire que, malgré un nom ambigu, l'entreprise n'est pas une pure société internet : elle ne réalise pas plus de 1 % de son CA sur le réseau. L'offre n'a d'ailleurs été sursouscrite " que " 13 fois, et le cours de l'action est parti à la baisse dès l'ouverture des échanges. Le premier cours coté de cette valeur a été de 23.01 euros, en repli de 23.3 % par rapport au prix d'introduction (30 euros). Depuis, le titre continue d'être délaissé par le marché. A le clôture, le 18 avril, il ne vaut plus que 15.5 euros, accusant une baisse de près de 50 % par rapport à son prix d'offre.Bien sûr, c'est avant tout vers le Nouveau marché que les sociétés internet se sont tournées pour procéder à leur introduction. Là encore, les résultats sont contrastés. Artprice.com, la première valeur internet de l'année à entrer en bourse, a connu un succès fulgurant, gagnant jusqu'à 248 % par rapport à son cours d'introduction (19.06 euros). Le 18 avril, elle est cependant revenue à des niveaux plus raisonnables : elle cote 23 euros, ce qui représente quand même une appréciation de 20.7 % par rapport à son cours de lancement. Fimatex (courtage en ligne) et Netvalue (mesures d'audience sur internet) ont également réussi à se maintenir à des niveaux supérieurs à leur cours d'introduction. Ces deux sociétés affichent des progressions respectives de 24.2 % et de 10.4 %.Multimania a sans doute été l'introduction la plus spectaculaire de l'année. La demande de titres a excédé 150 fois l'offre, et le cours d'introduction a été multiplié par plus de trois (de 36 à 125 euros) en l'espace de quelques heures. Le site de communautés a ensuite été victime de la désaffection des investisseurs pour les valeurs internet, le cours revenant à des niveaux proches du prix d'introduction. Le 18 avril, Multimania cote un peu plus de 34 euros en clôture, en baisse de 4 % par rapport à son prix d'offre.D'autres sociétés ont vu leur cours repasser en-dessous de leur prix d'introduction. La " web agency " Himalaya, après avoir connu un sommet de 37 euros, ne cote plus que 24.3 euros, en repli de 13.2 % par rapport à son prix d'offre. L'entreprise de courtage en ligne SelfTrade est dans la même situation : après être montée jusqu'à 18 euros, l'action a clôturé le 18 avril à 11 euros, en retrait de 12 % sur son cours d'introduction (12.5 euros).Les sociétés de l'ancienne économie résistent bienA la frontière de l'économie traditionnelle et de la nouvelle économie, la Coface a clairement été la star de ce début d'année. La société d'assurance-crédit a procédé à son introduction sur le Règlement mensuel le 2 février dernier, et a depuis connu un parcours boursier enviable. Soutenu par les perspectives de développement de ses activités internet, le titre a reçu une accueil enthousiaste des investisseurs : l'offre a été sursouscrite 12 fois et le cours de l'action est monté jusqu'à 151.6 euros, en progression de 175 % par rapport à son cours d'introduction (55 euros). Si l'enthousiasme s'est depuis un peu tassé, l'entreprise peut toujours mettre en avant une hausse du titre de 89 % par rapport au prix d'offre.L'introduction de la société Elior, spécialisée dans la restauration collective, a été plus calme. Le taux de sursouscription n'a pas dépassé les deux fois et l'action continue aujourd'hui de fluctuer autour de son prix d'offre. Le 18 avril, le titre a clôturé à 11.5 euros, ce qui représente une appréciation modeste de 4.5 % par rapport au cours d'introduction (11 euros).Le groupe de charcuterie Fleury Michon fait partie des bonnes surprises de ce début d'année. Malgré un contexte peu porteur pour les valeurs de l'ancienne économie, l'introduction de la société sur le Second marché a été bien accueillie par les investisseurs. Le 18 avril, le titre est proche de ses sommets à 29.15 euros, ce qui représente une progression confortable de 28 % par rapport au prix de lancement (22.76 euros).L'entrée en bourse de Kaufman & Broad a par contre déçu les marchés. La société de promotion immobilière, malgré une conjoncture dynamique, a vu son cours se dégrader peu après son introduction sur le règlement mensuel. Le cours de l'action est aujourd'hui en retrait de 18 % par rapport au prix d'offre.PerspectivesAprès la bourrasque financière de la semaine dernière, la conjoncture semble aujourd'hui redevenue plus favorable aux introductions. Le Nasdaq, tout d'abord, a connu deux séances de forte progression lundi et mardi, en raison notamment d'anticipations de résultats excellentes pour les valeurs de la Nouvelle économie. Ensuite, l'introduction réussie de T-Online (premier fournisseur européen d'accès à internet) sur le Neuer Markt a partiellement effacé les échecs cuisants rencontrés auparavant par WorldOnline, Lycos Europe ou LastMinute.com. Enfin, l'entrée en bourse de la société d'assurance-crédit Euler, qui est prévue le 27 avril prochain, devrait rencontrer l'adhésion des investisseurs : le titre a déjà été " largement souscrit " selon un des principaux membres du syndicat de placement.Il est peu probable, cependant, que l'on retrouve le climat d'euphorie qui avait accompagné les introductions d'Artprice, de Liberty Surf ou de Multimania. La frénésie d'achat manifestée par les investisseurs a été sérieusement refroidie par la correction subie par ces valeurs au cours des dernières semaines. Les analystes s'attendent à ce que les marchés fassent preuve, pour les introductions à venir, d'une plus grande sélectivité.
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