Le Nasdaq Japan ouvre lundi avec huit titres cotés

Le Nasdaq Japan ouvre sa cotation lundi avec l'ambition de révolutionner les services financiers de la 2ème économie du monde. Dans la foulée de l'explosion du Nasdaq américain, tiré notamment par les titres de hautes technologies, les fondateurs de Nasdaq Japan, la star japonaise de l'investissement sur l'internet Softbank Corp. et le Nasdaq américain lui-même, entendent damer le pion au Tokyo Stock Exchange (TSE), la bourse de Tokyo. Les professionnels attendent beaucoup de ce nouveau marché, selon Luigi Limentani de chez Nikko Salomon Smith Barney, pour qui "le Nasdaq Japan, s'il prend son envol, pourrait changer la face des marchés" dans le pays. Les sceptiques n'entament de leur côté pas la sérénité du président de Nasdaq Japan Inc. Tatsuyuki Saeki. Le Tokyo Stock Exchange traite 96% des transactions actions dans le pays, ce qui n'est "pas normal", et il en a profité pour dicter ses conditions d'introduction, souligne l'éxubérant président du Nasdaq Japan, qui entend rien moins que "changer ce pays, en commençant par les services financiers". Le défi japonais est le premier pas d'importance de la bourse électronique américaine vers son but, qui est d'opérer 24 heures sur 24 autour de la planète, le Nasdaq étant également en contacts avancés avec l'Europe, Londres et Francfort notamment. Pour ouvrir le jeu, le Nasdaq Japan va ainsi moins s'intéresser à la stricte condition habituelle de trois années de bénéfices prouvés avant toute introduction pour parier sur des sociétés japonaises nouvelles, non-bénéficiaires mais prometteuses, en exigeant en échange une forte transparence financière. Les huit premières sociétés cotées sur le Nasdaq Japan sont Creek & River (spécialiste de la mise en relations d'entreprises avec des créateurs de contenus multimédias), Digicube (commercialisation de jeux vidéos), Digital Design (solutions réseaux), Don Quijote (chaîne de magasins à petits prix), Honda Verno Tokai (groupe de 14 concessions Honda), Masternet (fournisseur d'accès à Internet), Sugi Pharmacy (chaîne de 80 pharmacies) et Xnet (SSII).La présence de Softbank comme partenaire de lancement du Nasdaq Japan suscite toutefois des interrogations, voire un malaise. Le président de Softbank, Masayoshi Son, est en effet vice-président de Nasdaq Japan et nombre des investissements de Softbank figurent parmi les 74 premiers candidats à la cotation, selon la firme d'études privée Teikoku Databank Ltd. Ce qui laisse "planer le soupçon" qu'il s'agira d'"un marché privé du groupe Softbank", constate Akihiko Noda, analyste au Fuji Research Institute. Et pour nombre de professionnels, le Nasdaq Japan "ne sera pas complètement fiable tant qu'il n'aura pas dissipé ces inquiétudes", ce qu'a déjà tenté de faire son président Tatsuyuki Saeki en promettant à plusieurs reprises des contrôles rigoureux. Autre souci, selon M. Limentani, de Nikko Salomon Smith Barney, "la qualité des sociétés cotées", nombre d'entre elles ayant à ce stade un bilan perçu comme faible surtout après le décrochage historique du Nasdaq américain fin mars. Reste que ce marché démarre dans un relatif optimisme sur l'avenir des sociétés censées représentées le "nouveau Japon". Huit titres, de la société très "high-tech" au distributeur pharmaceutique en passant par une chaîne de magasins discount, ouvriront le bal lundi. La grosse machine du Tokyo Stock Exchange --esprit de concurrence aidant-- avait pris l'initiative en décembre d'ouvrir un petit marché avec seulement 2 titres, qui sont maintenant 10. Mais cette cote secondaire a impressionné négativement par la grande volatilité des titres et l'absence de profondeur des transactions, estime Akihiko Noda du Fuji Research Institute. Le Nasdaq Japan va, selon lui, appliquer des conditions d'introduction plus rigoureuses venant des Etats-Unis pour "éviter la même erreur". Aux Etats-Unis, le Nasdaq, créé par l'association professionnelle des courtiers, a démarré petitement en 1971 pour finalement parvenir à rivaliser 20 ans après avec l'historique New York Stock Exchange. Pour le Tokyo Stock Exchange, "une telle rivalité amicale sera bénéfique pour les investisseurs", a déclaré un porte-parole. Tandis que nombre de professionnels décèlent dans l'avenir une complémentarité plutôt qu'une concurrence vu les différences de conditions de cotations. Le vrai problème du Tokyo Stock Exchange semble plutôt le projet mondial de cotation continue du Nasdaq, qui "explique l'intérêt pour le Nasdaq Japan", même si les opérations mondiales risquent de prendre du temps avant de devenir réalité, conclut Luigi Lamenti.
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