Pétrole : L'Opep devrait relever modérément ses quotas de production

La conférence de l'OPEP devrait déboucher sur un consensus en faveur d'une hausse relativement modeste de la production après un accord intervenu mardi soir entre la puissante Arabie Saoudite et l'Iran, qui avait joué bande à part en mars lors de la précédente réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. "Je ne veux pas donner de chiffres mais nous sommes parvenus à un accord" avec le ministre saoudien, a lancé le ministre iranien du Pétrole Binjan Namdar Zangeneh à la presse. Cette déclaration a fait l'effet d'une bombe après une journée de silence quasi absolu de la part des autres ministres de l'OPEP. En mars, l'Iran avait refusé de signer l'accord de relèvement de la production de 1,65 million de barils par jour (mbj), destiné à freiner l'envolée des cours du brut. Déjà, en fin de journée, le secrétaire général de l'OPEP Rilwanu Lukman avait laissé filtrer que la conférence devrait être "moins conflictuelle" que la précédente car les problèmes ne sont pas les mêmes qu'en mars. Il avait laissé entendre qu'il existait "peut-être" un accord, sans en préciser les termes. Selon Roger Diwan, directeur des marchés de Petroleum Finance Company (PFC), si un consensus a pu être trouvé entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, l'accord de hausse de la production de l'OPEP devrait atteindre plus de 500.000 barils par jour - niveau jugé insuffisant par les Saoudiens - et moins de 800.000 barils à 900.000 barils par jour, a-t-il estimé. La perspective d'une ouverture relativement modeste des vannes a propulsé les cours du pétrole qui ont bondi de 1,04 dollars à Londres, à 29,02 dollars le baril, et de 1,36 dollars à New York, à 33,05 dollars. L'Iran avait proposé en vain, en mars à Vienne, une augmentation de la production de 1,2 mbj, qui aurait alors seulement "officialisé" le dépassement des quotas du cartel. Ne parvenant pas à convaincre ses homologues et irritée par les pressions insistantes des Etats-Unis, l'Iran avait refusé de signer l'accord. L'Iran produit actuellement 3,7 mbj dont 2,4 mbj destinés à l'exportation. Ce pays a, depuis le 1er avril, augmenté sa production d'environ 250.000 bj. Interrogé sur le mécanisme d'ajustement de l'offre défini par l'OPEP en mars, et jamais appliqué malgré l'envolée des cours, M. Lukman a affirmé que ses conditions d'application "n'avaient pas été comprises" et qu'il n'avait "jamais été officiellement adopté". Les pays de l'OPEP, qui assurent 35% de la production mondiale, se réunissent à Vienne pour une conférence extraordinaire chargée d'examiner les conséquences du relèvement de la production décidé en mars. Si l'OPEP "se contente d'une hausse de 0,5 million de barils par jour, les cours du brut vont s'envoler", pronostique un analyste. "Il faudrait au moins une hausse de 1 mbj pour parvenir à un relèvement effectif de l'offre de 0,5 mbj." Plusieurs études ont démontré que l'OPEP produisait environ 0,5 mbj de plus que ses quotas officiels. Laisser couler 500.000 barils de plus ne ferait donc que légitimer ce dépassement. Cela correspondrait aussi à la hausse prévue par le mécanisme d'ajustement de l'offre, en cas de cours supérieurs à 28 dollars le baril pendant vingt jours consécutifs. L'organisation ne l'a jamais déclenché malgré la flambée des prix, arguant du fait que ce ne sont pas les fondamentaux économiques - l'offre de brut - qui ont entraîné la hausse des prix mais les problèmes de stocks d'essence aux Etats-Unis. Selon un expert pétrolier, les pays hostiles au mécanisme d'ajustement - dont l'Arabie Saoudite qui en avait accepté l'idée du bout des lèvres - vont tout faire pour imposer une hausse supérieure à 500.000 bj mais inférieure à 1 mbj, ce qui pourrait laisser supposer un relèvement "de quelque 700.000 bj".
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