La BCE opte pour le statu quo malgré la faiblesse de l’euro

Conformément aux attentes, les gouverneurs de la Banque centrale européenne, qui se réunissaient aujourd'hui à Francfort, ont laissé leurs taux directeurs inchangés. Le taux " Refi " - utilisé par les banques pour leurs opérations de refinancement - reste donc fixé à 3.75 %. Les marchés des changes ont peu réagi après l'annonce de la décision de la BCE, l'euro s'établissant à 0.903 dollar, en recul de 0.5 % contre la devise américaine.La conférence de presse de Wim Duisenberg et Christian Noyer, qui se tenait à 14h30, n'a pas non plus apporté de soutien significatif à l'euro. Le président de la BCE a réaffirmé que les interventions sur le marché des changes étaient "toujours une possibilité", soulignant toutefois qu'il ne ferait des commentaires sur les interventions qu'au moment où la BCE "sera en train d'intervenir". Des rumeurs d'intervention avaient circulé sur les marchés après les fortes déclarations de plusieurs responsables monétaires et politiques européens, en particulier français. M. Duisenberg a également indiqué qu'il avait eu "des conversations avec ses collègues américains", le week-end dernier lors d'une réunion régulière du G-10 à Bâle (Suisse). Il a refusé d'en dévoiler le contenu. Si le statu-quo était largement anticipé par les cambistes ce jeudi, un nouveau durcissement de la politique monétaire européenne est probable dans les prochaines semaines : 30 des 37 économistes du panel AFP/AFX, interrogés vendredi dernier, prévoient une hausse des taux de la BCE à la fin du mois de mai ou courant juin. Le 27 avril dernier, la BCE a procédé à une hausse d'un quart de point de ses taux directeurs, avec l'objectif affiché de soutenir la devise européenne contre le dollar et le yen. En réduisant le différentiel de taux courts, les gouverneurs espéraient provoquer un retournement des mouvements de capitaux, en faveur de la zone euro. L'effet a été inverse : l'euro s'est subitement déprécié contre la monnaie américaine, jusqu'à atteindre, le 4 mai, un plus bas historique de 0.8853 dollar.Pour Marc Touati, économiste de la banque Natexis, cette décision constituait une nouvelle erreur de la BCE. " Il est nécessaire de changer la psychologie des marchés avant d'intervenir par un relèvement des taux d'intérêt. Pour ce faire, les pouvoirs politiques européens doivent s'engager fermement sur un objectif de taux de change de l'euro, compris par exemple entre 1.00 et 1.10 dollar. Le BCE pourra alors leur emboîter le pas en procédant à une nouvelle hausse de ses taux directeurs. "Les ministres de l'économie des pays membres de l'Union économique et monétaire, qui se réunissaient lundi denier au sein de l'Euro 11, n'ont pas réussi à rassurer les marchés des changes. Contrairement aux attentes des cambistes, ils n'ont pas évoqué, dans leur communiqué, l'hypothèse d'un intervention pour soutenir la devise européenne. A l'issue de la réunion, l'euro a connu un nouvel accès de faiblesse, renforcé, mardi, par les déclarations de Gerhard Schroeder. Le chancelier allemand a déclaré que la chute de l'euro "ne constitue en soi pas un développement qui justifie que l'on monte sur les barricades", prenant une nouvelle fois ses distances par rapport aux appels à l'intervention sur les marchés préconisée par certains dirigeants européens. " Un engagement du politique en faveur de l'euro est nécessaire. Le discours décalé de Schroeder sur la monnaie unique a renforcé l'impression de confusion évoquée par les marchés des changes depuis la création de l'euro. Une Europe forte est la condition sine qua non d'un euro fort ", estime Marc Touati.Depuis son introduction, l'euro affiche un recul de plus de 22 % par à la monnaie américaine. Cette faiblesse chronique de la monnaie unique était également tangible contre le yen et la livre : l'euro a perdu près de 15 % de sa valeur contre le devise britannique depuis le 1er janvier 1999, et 25 % contre le yen.L'approche de la réunion de la Réserve fédérale, le 16 mai prochain, pèse également sur la monnaie unique. Les marchés attendent un relèvement de 50 points de base des taux américains, accroissant le différentiel de taux courts entre la zone euro et les Etats-Unis. Patrick Coret, économiste de la Caisse des dépôts et consignations, est plus réservé : " Avec la nouvelle dégringolade du Nasdaq mercredi, le scénario d'une hausse d'un quart de point reprend le dessus. Même si elle a des raisons de relever ses taux de façon agressive, la Réserve fédérale ne peut pas ignorer la volatilité persistante des marchés actions ".
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