La Fed craint des tensions inflationnistes

" L'inflation fighter " a encore frappé. Le gouverneur de la Réserve Fédérale américaine, Alan Greenspan, n'a pas failli à sa mission et mérite plus que jamais le surnom que lui a donné la presse anglo-saxonne. C'est sans grande surprise que le garant de la stabilité des prix outre-Atlantique a décidé mercredi de relever les taux courts de 25 points de base. Le taux directeur en vigueur aux Etats-Unis atteint désormais 5,75% et nombreux sont les économistes à prévoir un nouveau resserrement monétaire le 31 mars 2000, date de la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Fed. Dans le communiqué publié hier soir, l'institut monétaire se déclare "inquiet" des tensions inflationnistes que pourrait générer "à la longue l'accroissement de la demande" dépassant "la croissance de l'offre, même en tenant compte de la nette progression de la productivité". "Ces déséquilibres inflationnistes pourraient saper l'expansion économique record", affirme la Fed.Il est vrai que l'économie américaine connaît une phase d'expansion record par sa longévité. Les Etats-Unis sont entrés depuis le 1er février dans leur dixième année consécutive de croissance du PIB. Et l'économie ne montre aucun signe de ralentissement. Le PIB a cru de 5,8% en rythme annuel au quatrième trimestre de l'année 1999. Sur l'an passé, la croissance américaine s'élève à 4%. Quant au chômage, il n'a jamais été aussi bas depuis plus de trente ans. Les économistes considèrent pour la plupart qu'il atteint un niveau incompressible, touchant 4,1% de la population active. Ainsi les coûts salariaux ont fait un bond de 1,1% au quatrième trimestre 1999. Vu les difficultés à trouver du personnel dans certains secteurs - notamment celui de l'informatique et des nouvelles technologies de l'information -, les employeurs pourraient augmenter les salaires, ce qui provoquerait des hausses de prix. Dans ce contexte, la Fed a laissé clairement entendre qu'elle n'en restera pas là. "Les risques penchent (...) vers des tensions inflationnistes dans un futur proche", selon les termes du communiqué. Pour autant, si certains indicateurs économiques indiquent que les tensions sur les prix pourraient s'accroître au cours des prochains mois, aucun n'est franchement au rouge. Sur l'année 1999, le taux d'inflation se monte à 2,7%. Pas encore de quoi rogner de façon significative les rendements des portefeuilles des épargnants. Les groupes manufacturiers, toujours réticents à une hausse du crédit, ont d'ailleurs dénoncé la décision de la Fed "basée sur une crainte exagérée de l'inflation", selon un communiqué. La chambre de commerce américaine relève pour sa part qu'il s'agit de la quatrième hausse d'un quart de point depuis juillet et invite la Fed à modérer ses ardeurs de resserrement des taux. D'autant plus que, le durcissement de la politique monétaire a déjà un impact sur la conjoncture : en rythme annualisé, l'investissement des entreprises a cru de 2,3% au quatrième trimestre 1999, contre 10,5% au cours des trois mois précédents. Et que la productivité ne montre aucun signe de faiblesse. Marc Touati, chef économiste de Natexis Banques Populaires s'attend à ce que la productivité ait augmenté de 4,9% au cours du quatrième trimestre de l'an passé.
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