Taux d'intérêt : la BCE choisit le statu quo

Cette décision était largement attendue par les économistes. Une certaine nervosité régnait néanmoins avant l'annonce de la décision, les marchés s'étant désormais convaincus qu'une hausse de taux prochaine aurait lieu aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis. Une partie des lourdes pertes accusées récemment par les places boursières est attribuée à cette peur croissante d'un tour de vis monétaire. Les taux qui encadrent le Refi demeurent eux aussi inchangés, à 2% pour le taux plancher au jour le jour et 4% pour le taux plafond au jour le jour. La BCE avait relevé, début novembre, d'un demi-point de pourcentage son principal taux, après une longue mise en condition pour éviter de prendre les marchés par surprise. La BCE n'a pas caché ses inquiétudes sur les risques de pression à la hausse des prix. A côté des augmentations des cours du pétrole et de l'effet inflationniste de la dépréciation de l'euro, elle s'inquiète de l'issue des prochaines négociations salariales dans plusieurs pays membres, en particulier en Allemagne. Des hausses de salaires élevées pourraient déclencher une réaction en chaîne: les entrepreneurs tenteraient de répercuter la hausse de leurs coûts salariaux sur les prix de vente de leurs produits, contraignants les intermédiaires jusqu'aux commerçants de détail à augmenter aussi leurs prix pour conserver leur marge de bénéfice. Au cours de sa conférence de presse à l'issue de la réunion du comité des gouverneurs, le président de la BCE, Wim Duisenberg, a notamment indiqué que "le pic temporaire que vont enregistrer les prix à la consommation dans la zone euro au début de 2000 ne doit pas être une source d'inquiétude" tout en prévenant que cette hausse temporaire ne doit pas pousser à des demandes "excessives" de hausses salariales. Il a réaffirmé que la BCE continue à miser sur un taux d'inflation moyen de 1,5% en 2000. Si à 3 %, le taux de refinancement garde un répis, au moins jusqu'à la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs, les conditions monétaires n'en sont pas pour autant sauves. L'augmentation des fournitures de liquidités en amont du passage en 2000, à la fin de l'année dernière, nécessite aujourd'hui une ponction proportionnelle aux montants auparavant injectés. Résultat, la BCE a retiré 35 milliards d'euros du marché interbancaire au titre de son opération de réglage fin. La maturité de cette ponction est le 12 janvier, date de la première arrivée à maturité de l'année d'une opération de refinancement de l'institution. Pas de quoi calmer les esprits sur des marchés obligataires de plus en plus tendus.
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