La BCE marque une nouvelle pause

Les banquiers centraux européens ont à nouveau opté pour le statu quo jeudi, laissant leur taux de refinancement inchangé à 3,75 %. Cette décision était largement attendue par les marchés financiers : trente-et-un des trente-sept économistes interrogés vendredi dernier par l'Agence France Presse excluaient en effet un nouveau tour de vis de la BCE aujourd'hui. Mais vingt-sept d'entre eux tablent par contre sur une hausse des taux courant juin. Depuis le mois de novembre 1999, la Banque centrale européenne a procédé à quatre relèvements de ses taux, portant le " refi " de 2,50 % à 3,75 %.Plusieurs facteurs ont incité la BCE à marquer une nouvelle pause ce 25 mai. Tout d'abord, les tensions inflationnistes qui s'étaient manifestées dans la zone euro en début d'année sont en voie d'apaisement. La hausse des prix à la consommation est ainsi tombée de 2,1 % en mars à 1,9 % en avril dans l'Union économique et monétaire. Les chiffres publiés mercredi dans l'Etat régional du Brandebourg confirment cette tendance au mois de mai : les prix se sont établis en hausse de 1,4 % en glissement annuel, contre 1,5 % le mois précédent.Ensuite, les précédentes hausses de taux se sont révélées incapables d'enrayer le mouvement de dépréciation de l'euro contre le dollar. En relevant le " refi " d'un quart de point le 27 avril dernier, la BCE espérait relancer l'intérêt des investisseurs pour la monnaie unique. L'effet a été inverse : l'euro s'est subitement déprécié contre la monnaie américaine, jusqu'à atteindre, le 4 mai, un plus bas historique de 0.8846 dollar. "Même si la BCE augmente ses taux jeudi, le différentiel des taux avec ceux de la Réserve fédérale joue en faveur du dollar", constate Lisa Finstrom, analyste de Salomon Smith Barney. La Fed a en effet relevé le rendement des " Fed Funds " d'un demi point à l'issue de sa réunion du 16 mai, portant le différentiel de taux à 275 points de base. Elle a de plus laissé entendre, dans le communiqué accompagnant la décision, que de nouvelles hausses de taux étaient à venir dans les prochains mois.Pour Marc Touati, économiste de la banque Natexis, " il est nécessaire de changer la psychologie des marchés avant d'intervenir par un relèvement des taux d'intérêt. Pour ce faire, les pouvoirs politiques européens doivent s'engager fermement sur un objectif de taux de change de l'euro, compris par exemple entre 1.00 et 1.10 dollar. La BCE pourra alors leur emboîter le pas en procédant à une nouvelle hausse de ses taux directeurs. Un engagement du politique en faveur de l'euro est nécessaire. Une Europe forte est la condition sine qua non d'un euro fort ".Depuis son introduction, l'euro affiche un recul de plus de 20 % par rapport à la monnaie américaine. Cette faiblesse chronique de la monnaie unique est également tangible contre le yen et la livre : l'euro a perdu 12 % de sa valeur contre le devise britannique depuis le 1er janvier 1999, et 26,5 % contre le yen. L'euro a toutefois profité, au cours des derniers jours, de la faiblesse des marchés actions américains pour retrouver quelques couleurs. Jeudi, quelques minutes après la décision de la Banque centrale européenne, la monnaie unique se maintenait légèrement au-dessus du seuil des 0,90 dollar, perdant quelques fractions par rapport à son cours d'ouverture sur le marché londonien.
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