La Réserve fédérale américaine durcit sa politique monétaire

Le Comité monétaire s'est déclaré "inquiet" dans un communiqué destiné à expliquer ses dernières décisions sur les taux "du fait, qu'à la longue, l'accroissement de la demande va contiuer à dépasser la croissance de l'offre, même en tenant compte de la nette progression de la productivité". "De telles tendances, poursuit le comité monétaire, pourraient provoquer des déséquilibres inflationnistes qui pourraient saper l'expansion économique record." Analysant les derniers indicateurs économiques "le comité indique penser que les risques penchent vers des conditions pouvant générer des tensions inflationnistes dans un futur proche". La Réserve fédérale fait face à une économie dont le cycle de croissance est largement en avance sur celle du Vieux continent. Pire, la thèse de la " nouvelle économie ", gage d'une forte croissance durable et désormais non inflationniste, est de plus en plus infirmée dans les statistiques.D'un côté, le PIB a progressé à un rythme annuel de 5,8 % au cours du dernier trimestre 1999, contre une hausse prévue de 5,2 %. Signe de forte vigueur de l'économie américaine, que l'annonce, hier, d'un indice NAPM autour de 56,3 en janvier vient de confirmer. De l'autre, la composante prix du PIB progresse à son tour, tandis que le coût moyen de l'emploi a augmenté de 1,1 % au cours des trois derniers mois de l'année, reflétant un rythme annuel qui culmine à 3,4 %.Par ailleurs, les déséquilibre croissants dans l'économie militent aussi pour un tour de vis. L'endettement du secteur privé, et notamment des ménages, continue à augmenter très vite et alimente le renchérissement des actifs financiers. Enfin, la Fed avait préparé les marchés à l'éventualité d'un bogue en fournissant de larges montant de liquidités en fin d'année. L'absence de remous, au soir du 31 décembre, ôte ainsi aux autorités monétaires leur dernier prétexte pour ne pas freiner l'expansion du crédit.En conséquence, la Fed devrait conforter son approche préventive et graduelle. Préventive, pour corriger les déséquilibres, avant qu'ils ne dégénèrent en un brusque retournement de tendance et qu'ils n'initient une spirale prix/salaires déstabilisatrice pour l'économie et les marchés financiers. Et graduelle, afin de ne pas effrayer les investisseurs en les prenants par surprise. Du coup, les économistes tablent pour la plupart sur une hausse de 25 points de base des taux directeur de la Fed, ce soir, et d'une poursuite de ce mouvement dans les mois à venir.Pour la Banque centrale européenne, dont la décision sera rendue publique demain, il y a moins péril en la demeure. Certes, le cycle de désinflation sur le Vieux continent semble achevé et les conditions monétaires, largement accommodantes, sont peu compatibles avec un retour généralisé de la croissance. La faiblesse persistante de l'euro et le vif renchérissement du pétrole ont provoqué une augmentation plus forte que prévu des prix de part et d'autre du Rhin, en fin d'année. Mais l'inflation semble maîtrisée et largement sous la barre de 2 % défendue par les autorités. De nombreux économistes attendent d'ailleurs un pic en milieu d'année. Enfin, autre indicateur surveillé par la BCE, la croissance de la masse monétaire, synthétisée par l'agrégat M3, a été moins vive que prévu au mois de décembre.Résultat, même si le président de la BCE, Wim Duisenberg, s'est ému de l'impact inflationniste d'une poursuite de la chute de l'euro, aucune déclaration émanant de la banque centrale ne semble indiquer une hausse imminente des taux directeurs. Tout au plus le tour de vis est-il retardé pour les mois à venir, quand les pressions inflationnistes seront plus visibles. D'ici là, la vulnérabilité des rendements européens à long terme, pourtant en légère baisse ces derniers jours, risque de se poursuivre, tant que la visibilité sur les taux courts ne sera pas plus durablement éclaircie.
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