La BCE opte pour le statu quo

Après le tour de vis monétaire du 8 juin, qui a vu les gardiens de l'euro augmenter d'un demi-point leur principal taux d'intérêt (Refi) à 4,25%, aucun resserrement supplémentaire du crédit n'était attendu aujourd'hui. Pas de surprise donc à l'annonce de la décision de la BCE, qui a maintenu ses taux directeurs inchangés. Les experts de la politique monétaire estiment même que la BCE pourrait prolonger cette pause jusqu'à la fin de l'été. "La prochaine hausse, sans doute de 25 points de base, devrait intervenir en septembre", estime ainsi Fritz Engelhard, analyste à la HypoVereinsbank. Le président de la BCE Wim Duisenberg avait lui-même souligné que la hausse du 8 juin, justifiée par les tensions inflationnistes, permettait d'"éclaircir l'horizon". Le tour de vis était à ses yeux suffisant pour éviter à court terme la surchauffe de l'économie dans la zone euro sans freiner la reprise en cours. Mardi à Bruxelles, il s'était également dit "convaincu" que la hausse des taux "n'entravera pas une croissance économique solide pour les deux ans à venir", laissant même entendre que l'Europe pourrait dépasser les Etats-Unis en la matière. Les récentes statistiques publiées en Allemagne et en Italie lui donnent pour l'instant raison. Le produit intérieur brut italien a ainsi progressé de 1% au premier trimestre 2000 par rapport au trimestre précédent et de 3% par rapport à janvier-mars 1999. Cette hausse est plus forte que prévue : les analystes s'attendaient en moyenne à une progression de 0,6% sur le trimestre et de 2,3% à 2,4% sur 12 mois. Outre-Rhin, le baromètre de l'institut Ifo sur le climat des affaires, qui permet d'anticiper les projets d'investissement des entreprises et par ricochet la croissance, a nettement grimpé le mois dernier à 102,1 pts contre 101,2 pts en avril. Le resserrement monétaire pourrait toutefois prendre des chemins détournés. Les gouverneurs ont en effet modifié, lors de leur réunion du 8 juin, les modalités des opérations de refinancement des banques, passant d'un système à taux fixe à un système à taux variable. Ces opérations étaient auparavant effectuées au taux de 4,25 % pour tous les établissements. Mais, du fait de l'énorme demande de liquidités, les banques étaient tentées de surévaluer jusqu'à cent fois leurs requêtes pour être certaines d'en obtenir le volume désiré. Avec un taux variable, la concurrence ne se fait plus sur le montant des demandes mais sur le niveau des taux offerts par les banques demandeuses. Selon les analystes, ce système d'enchères pourrait faire grimper les taux jusqu'à près de 5% à la fin de l'année.Quelques minutes après la décision de la Banque centrale européenne, l'euro se maintenait légèrement au-dessous des 0,95 dollar sur le marché des changes. La devise européenne a perdu quelques fractions depuis la dernière réunion du Conseil des gouverneurs, car les cambistes n'anticipent plus désormais de hausse prochaine des taux d'intérêt dans la zone euro. Dans ce contexte, tous les regards sont tournés vers la Réserve fédérale, qui se réunira les 27 et 28 juin prochain. L'hypothèse d'un nouveau relèvement du taux des Fonds fédéraux, même si elle a relativement peu de partisans, apporte néanmoins un soutien au billet vert.
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