La BCE laisse ses taux directeurs inchangés

Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne a finalement décidé de laisser inchangé à 3,25 % son principal taux directeur, le taux de refinancement à deux semaines. Ce statu quo intervient à peine deux jours après l'annonce d'un essor, à 2 % en rythme annuel, du taux d'inflation au sein de la zone euro. Or ce rythme est justement le plafond théoriquement défendu par les autorités monétaires, dont l'objectif exclusif reste le contrôle de l'inflation.Résultat, les investisseurs anticipent toujours de nouvelles hausses des taux directeurs au cours des prochaines réunions du Conseil des gouverneurs. Le renchérissement des matières premières, avec un baril de brut qui flirte avec la barre des 30 dollars, et la faiblesse de l'euro, qui s'est déprécié de 17 % depuis son lancement, alimentent l'importation de pressions inflationnistes. Et même si de nombreux économistes prévoient une modération de ces tensions d'ici au prochain trimestre, la BCE ne peut plus justifier des conditions monétaires aussi accommodantes. D'autant que la hausse de 75 points de base de ses taux directeurs depuis l'automne dernier a été plus que compensée par la progression des prix. D'où finalement, une baisse des taux courts réels, qui s'accommode mal avec le regain de croissance enregistré au sein de la plupart des pays de la zone.C'est pourquoi les marchés, persuadés d'un nouveau tour de vis jugé inéluctable, n'ont pas réagi à l'annonce du statu quo. Le rendement du titre d'Etat allemand à 10 ans a même gagné trois points de base à 5,52 %. Et le marché des changes ne s'est pas senti plus concerné. Pourtant, le président de la BCE, Wim Duisenberg, s'est ému de la dépréciation de l'euro, qui représenterait pour lui un " sujet de préoccupation ". Une position claire qui détonne avec les déclarations récentes du vice-président Christian Noyer, pour qui les investisseurs auraient mal interprété les signaux en provenance de l'institution. Autrement dit, les hausses des taux directeurs ne seraient pas aussi imminentes qu'anticipé.Las, échaudés par la fébrilité récurrente depuis un an de la devise, les cambistes attendent dorénavant des preuves de la volonté des autorités monétaires d'initier le rattrapage de l'euro. Soit à travers une hausse des taux, soit via une intervention sur le marché des changes, concertée avec les autres grandes banques centrales ou non. Mais surtout, ils en attendent une meilleure communication et une clarification de la position.
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