Etats-Unis : l'inflation ralentit, les taux longs se détendent

Les statistiques n'aident décidément pas Alan Greenspan. Au cours de son allocation semestrielle devant le Congrès, hier, le président de la Réserve fédérale américaine a fermement dénoncé les déséquilibres croissants au sein de l'économie domestique et l'exubérance des marchés financiers outre-Atlantique en s'inquiétant des risques de dérapage inflationniste.Las, le département américain du travail vient d'annoncer une progression de l'indice des prix à la consommation limitée à 0,2 % au mois de janvier, après une progression de 0,3 % un mois auparavant. En glissement annuel, la hausse est cependant de 2,8 %, contre 2,7 % en décembre.Plusieurs hausses des taux directeurs de la Fed sont en effet prévues par les investisseurs et intégrées dans le cours des obligations. Dans ce cadre, la fermeté du ton d'Alan Greenspan, lors de son audition devant le Congrès, n'a fait que conforter les anticipations du marché, sans réel impact sur ses attentes. Tout au plus les pressions croissantes sur les taux courts outre-Atlantique ont-elles amplifiées la dichotomie entre les actions de la " vielle économie " et titres de la " nouvelle économie ", soit entre le Dow Jones et le Nasdaq, moins sensible aux conditions monétaires. Dans ces conditions, la décélération de l'effet de richesse, fortement appelée des vœux d'Alan Greenspan depuis de nombreux mois, peinera de se résorber.La Fed est victime de son succès. Après une décennie de forte croissance non inflationniste sans interruption, le crédit accordé par les investisseurs à l'efficacité de la politique monétaire américaine rend les marchés confiants dans le contrôle de l'inflation et entretient la progression des marchés financiers. Résultat, le rendement des titres d'Etat américains à 30 ans a poursuivi sa baisse, à l'issue de l'annonce de la modération des prix à la consommation en janvier, en perdant plus de 14 points de base à 6,19 %, tandis que Wall Street s'est accordé quelques prises de bénéfices après son rally des séances précédentes.Autre déséquilibre évoqué par Alan Greenspan, le creusement des déficits extérieurs, facteur de déséquilibre potentiel de l'économie et des marchés financiers en cas de dépréciation du dollar. Si le solde des comptes extérieurs est resté fortement négatif, l'augmentation de 4,1 % des exportations au cours du mois de décembre a permis un repli du déficit commercial à 25,5 milliards de dollars, contre un solde négatif révisé à 27,1 milliards en novembre.Pain bénit pour le billet vert, ces annonces ont précipité le rattrapage de l devise américaine, en hausse à 111,1 yen, contre 110,6 jeudi soir et 109,4 la veille. Parallèlement, nonobstant la robustesse de l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne, annoncé hier, et la vigueur du marché de l'emploi en France, les investisseurs ont de nouveau sanctionné l'euro, en repli à 0,981 dollar, contre 0,988 jeudi soir. " Le très fort déficit extérieur des Etats-Unis ne pénalisera pas le dollar tant que les marchés financiers américains offriront des perspectives de retour sur investissements supérieurs ", estiment les analystes de Warburg Dillon Read. Dans ces conditions, l'absence de statistiques majeures à attendre la semaine prochaine devrait conforter le statu quo des parités de changes actuelles.
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