Financement des start-up : les financiers prévoient une phase de consolidation

"Le financement des start-up : un trou sans fond ?" Le thème du débat organisé à Monaco à l'occasion du start-up forum, qui réunit investisseurs et prestataires de services autour d'environ 150 jeunes sociétés de la nouvelle économie était volontairement provocateur. Mais les participants ont vite rassuré ces "jeunes pousses", dont la plupart préparent un futur tour de table, qu'il s'agisse du premier ou du deuxième. Quatre mois après la sévère correction subie par le Nasdaq et le nouveau marché français, les fonds investis ssont touours pus nombreux, des acteurs étrangers s'intéressant de plus en plus au marché français. Mais trouver des capitaux n'est pas pour autant plus facile. "La situation est clairement un peu plus difficile aujourd'hui, reconnaît Jean-Marc Dumesnil, président de MGT, l'un des principaux conseils en levée de fonds. Mais il ne faut pas croire pour autant que les choses étaient facile il y a six mois". Les choix d'investissements sont devenus d'autant plus délicats pour les investisseurs que le nombre de dossier qui leur sont soumis ne cesse d'augmenter. "Nous avions reçu 250 dossiers au total en 1998, rappelle Christophe Talon, de CDC Innovation. Aujourd'hui, nous en recevons un par heure !". Dans ces conditions, les exigences des investisseurs sont évidemment de plus en plus strictes. Pas forcément sur la réalisation immédiate de bénéfices, mais au moins sur la concrétisation de leurs premier objectifs en termes d'audience ou de revenus. "En phase d'amorçage, explique Philippe Hrbert, on peut se contenter de parler de prospects ou de prototypes. Pour les tours suivants, il faut avoir de vrais clients et de vrais produits". Les start-up doivent donc être plus vigilantes sur la qualité de leur business plan. Et apprendre à patienter. "Il y a eu un changement de tempo, explique Philippe Herbert, General Partner chez Partech International. Au premier trimestre, c'était presque à qui donnait son engagement financier le plus vite possible. On est revenu aujourd'hui à des conditions plus raisonnables." Les sociétés mettent donc plus longtemps à lever des fonds. Et sont parfois contraintes de trouver des solutions de secours, en revoyant à la baisse certaines dépenses ou en repoussant les implantations dans certains pays étrangers. Voire, à convaincre leurs actionnaires du tour précédent à consentir un "bridge loan", un prêt intermédiaire, en attendant une réelle levée de fonds. Cet allongement des délais touche évidemment aussi les candidats à l'entrée en Bourse. "Certaines entreprises ont réalisé une nouvelle levée de fonds 'pour passer l'été' et attendre un peu avant l'introduction, explique Jean-Marc Dumesnil. Elles font en quelque sorte un troisième tour et demi". Des sacrifices plus difficiles attendent peut-être certaines sociétés. Certaines devront peut-être accepter de réduire leur valorisation entre deux tours pour pouvoir continuer à lever des capitaux. "Le phénomène n'est plus rare aux Etats-Unis", souligne Philippe Herbert. Certains créateurs d'entreprises devront aussi mettre leur ego de côté pour envisager une fusion ou une cession, soulignent les investisseurs. "Le phénomène devrait favoriser, d'une part les rapprochements entre concurrents en France, d'autre part la constitution de leaders européens, souligne Jean-Marc Dumesnil. Et il ne faut pas oublier les acteurs de l'ancienne économie, qui ne sont pas encore présents sur Internet mais qui prennent le phénomène en considération. Certains vont racheter directement des sociétés Internet".Enfin, certaines sociétés n'échapperont pas au destin le plus funeste qui soit : être purement et simplement "débranché" par leurs investisseurs, comme l'a été Boo.com il y a quelques semaines. "La question fait partie du métier de capital-risqueur", rappelle Philippe Herbert. "Quand une entreprise 'brûle' trois millions de francs par mois et ne trouve pas d'investisseurs, c'est inévitable", confirme Christophe Talon.
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