Ralentissement avéré en France et en Allemagne au premier trimestre

Le produit intérieur brut français (PIB) a augmenté de 0,5% au premier trimestre 2001 après une hausse de 0,8% au quatrième trimestre 2000, selon les premiers résultats des comptes nationaux, publiés ce matin par l'Insee. Le consensus des analystes tablait sur une croissance moyenne de 0,7%. Dans sa dernière estimation en mars, l'Insee était pour sa part encore plus optimiste puisqu'elle annonçait une croissance de 0,8%. Le ralentissement est d'autant plus marqué que le PIB du quatrième trimestre 2000, initialement annoncé en progression de 1,0%, est révisé à la baisse. Ces statistiques, jugées à la fois "décevantes" et "surprenantes" par le ministre de l'Economie et des Finances, conduisent Laurent Fabius à faire preuve de prudence pour l'avenir. Il estime désormais que la croissance en 2001 pourrait être inférieure aux prévisions du gouvernement, c'est à dire en decà de 2,9%. Commentant dans le détail ces statistiques, l'Insee précise qu'au premier trimestre la consommation des ménages s'est vivement accélérée, à un rythme de 1,3% (+0,1% au quatrième trimestre 2000), et a ainsi apporté à elle seule 0,7 point de croissance. La contribution de l'investissement a été bien moindre (0,1 point). Il n'a en effet augmenté que de 0,7%, après 2,3% au quatrième trimestre. Le ralentissement a encore été plus marqué pour l'investissement des entreprises qui n'a plus progressé que de 0,4% au premier trimestre (après +3,2%). L'investissement des ménages en logements a même reculé de 0,1%, effaçant sa hausse de même ampleur du quatrième trimestre. Par ailleurs, la contribution du solde du commerce extérieur à la croissance a été positive de 0,3 point. Cependant, rappelle l'institut, l'amélioration de l'excédent commercial de la France est essentiellement venue de ventes exceptionnelles d'avions et de paquebots. Quoi qu'il en soit, l'essentiel du ralentissement de la croissance française au premier trimestre est venu de la variation des stocks qui ont pesé pour 0,8 point sur l'évolution du PIB. Pour Emmanuel Ferry, économiste chez Exane, ce dernier point n'est pas forcément un indicateur alarmant, au contraire. "Cet élément doit être interprété comme une bonne nouvelle car plus l'effet de stocks sera résorbé - et son ajustement est actuellement rapide et prononcé -, plus la reprise s'enclenchera vite dès le retournement à venir des carnets de commandes. Le réamorçage de la croissance sera alors très rapide", estime-t-il.Qualques minutes avant la publications des chiffres français étaient publiés ceux du PIB en Allemagne. Ce dernier a connu une croissance annuelle de 2,0% (corrigée des variations calendaires) au premier trimestre 2001, en raison d'une baisse de l'investissement productif et d'une stagnation de la consommation. Cette croissance est la plus faible depuis le troisième trimestre 1999, a précisé l'Office fédéral de la statistique. Au dernier trimestre 2000, la croissance du PIB avait été de 2,6% en rythme annuel. En rythme trimestriel, le PIB a progressé de 0,4% au premier trimestre. Dans ses commentaires, l'Office a ajouté que le taux de croissance "relativement faible" du premier trimestre s'expliquait par une progression inférieure à la moyenne des dépenses des ménages et des dépenses publiques, et par la baisse de 3,2% en rythme annuel des investissements en actifs immobilisés.Ces statistiques ne sont pas surprenantes, elles confirment le net tassement de l'activité dans la première économie de la zone euro. Pour Rainer Guntermann, économiste chez Dresdner Kleinwort Wasserstein cité par Reuters, "la consommation privée et l'investissement sont décevants: ce sont des signaux d'alarme pour les 2e et 3e trimestres car ils attestent d'un affaiblissement de l'activité mondiale et par contrecoup d'un nouveau tassement des exportations allemandes". Dans ces conditions, cet économiste prévoit "que la croissance annuelle du PIB continuera de faiblir jusqu'à la fin de l'année et que la croissance pour l'ensemble de l'année ressortira à 1,5%". Le gouvernement allemand table quant à lui sur une croissance en 2001 d'"environ 2%" mais les anticipations pessimistes des chefs d'entreprises telles que révélées hier par l'enquête Ifo laissent planer un doute quant à la réalisation de cet objectif. Ces données économiques sur la santé des deux premières économies de la zone euro laissent ouverte la possibilité de voir la Banque centrale européenne (BCE) procéder à une nouvelle baisse des taux, après la réduction surprise du 10 mai dernier. Néanmoins, la position de la BCE n'est guère confortable, dans la mesure où les prix restent élevés et où désormais pointe une nouvelle menace sur la zone euro: celle de la stagflation. latribune.f
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