La France commence à faire les frais du ralentissement mondial

Les nuages qui assombrissent le ciel des Etats-Unis commencent à faire de l'ombre à l'économie française. Malgré un excédent commercial en mars, les échanges faiblissent (voir article ci-contre) et la production industrielle ralentit. Selon les chiffres de l'Insee, la production industrielle a reculé de 0,2% en mars après une hausse de même ampleur en février (initialement +0,1%), tout comme la production manufacturière qui avait crû de 0,4% (au lieu de +0,3%) en février. Sur le premier trimestre 2001, les chiffres publiés par l'Insee montrent que la production industrielle affiche une augmentation de 0,5% et la production manufacturière (hors énergie et agro-alimentaire) une croissance de 0,6%. Sur un an, elles enregistrent des hausses respectives de 2,4% et 3,1%.En mars, la production de biens de consommation a diminué de 0,9%, une baisse qui s'observe aussi bien dans l'équipement du foyer (-1,5%), que pour les produits pharmaceutiques (-1,2%), l'habillement-cuir (-0,6%) et les produits d'édition (-0,2%).Par contre, l'industrie automobile a progressé de 1,6% et les biens d'équipement de 0,3%. Les biens intermédiaires se sont repliés de 0,7% sous la conduite des produits chimiques en caoutchouc ou plastique (-1,8%), du textile (-1,6%) et des composants électriques et électroniques (-0,9%). Par ailleurs, la production agro-alimentaire est restée quasiment stable (+0,1%) en février, tout comme l'énergie (-0,1%), mais la construction a vu sa production baisser de 0,5%. Pour Emmanuel Ferry, économiste chez Exane cité par Reuters, le tassement de la production industrielle "est sans surprise". "Il confirme que le secteur industriel pâtit du ralentissement de l'activité mondiale, notamment aux Etats-Unis, et qu'il finit par le traduire dans ses statistiques", ajoute-t-il tout en soulignant que ce mouvement devrait s'accentuer au cours des prochains mois et que la production industrielle française devrait au mieux se stabiliser, sinon reculer aux deuxième et troisième trimestres. Une analyse que vient confirmer l'enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France (Bdf) diffusée aujourd'hui également. Celle-ci montre que les chefs d'entreprises français prévoient pour les prochains mois une faible augmentation de l'activité dans l'ensemble des secteurs. Selon l'indicateur synthétique de la BdF, le produit intérieur brut (PIB) progresserait de 0,5% au deuxième trimestre. Lors de sa précédente évaluation, la BdF tablait sur 0,6%. Avec une croissance du PIB au premier trimestre maintenue à 0,7%, l'acquis de croissance à la fin du premier semestre - c'est-à-dire ce que serait la croissance à la fin de l'année si l'activité restait étale sur les six derniers mois de 2001- se monterait à 2,4%, précise la Banque de France.Dans son enquête, la Banque de France souligne notamment que le taux d'utilisation des capacités de production, bien que supérieur à sa moyenne de longue période, s'est replié à son niveau d'octobre 1999. Comme le mois dernier, la BdF note que les carnets de commandes ont continué à se réduire en avril sous l'impact de la moindre demande étrangère, principalement celle en provenance des Etats-Unis et de l'Asie. La demande intérieure résiste mais souligne la BdF, "les commandes interindustrielles sont jugées moins vigoureuses en raison notamment du repli de certains secteurs comme la téléphonie".Enfin, concernant l'emploi, la Banque de France indique que les effectifs permanents sont restés stables dans tous les secteurs et que l'ajustement se fait principalement par le recours à l'intérim ou par des modulations d'horaires prévues par les accords de réduction du temps de travail. Anne Eveno
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