Jospin favorable à une "fédération d'Etats-nations"

Qualifié par certains observateurs "d'eurocoincé", réputé frileux sur l'Europe, Lionel Jospin a voulu casser cette image en livrant ce matin les grandes lignes de son projet européen. Le Premier ministre français était d'autant plus attendu que l'Allemagne s'était prononcée en faveur de l'élaboration d'une Constitution pour l'Europe, ouvrant le débat sur le fédéralisme de l'Union européenne. Lionel Jospin s'est démarqué de ces propositions en rejetant le système fédéral à l'allemande proposé par le chancelier Gerhard Schroeder pour l'organisation de l'Union européenne (UE). "La France, comme d'autres nations européennes, ne saurait accepter un tel statut", a-t-il indiqué. En revanche, le Premier ministre a affirmé souscrire "pleinement" à la formule "forgée par Jacques Delors d'une fédération d'Etats-nations". Livrant sa profession de foi européenne en ces termes : "Je désire l'Europe mais je reste attaché à ma nation. Faire l'Europe sans défaire la France, ni aucune des autres nations européennes, tel est mon choix politique", Lionel Jospin a indiqué qu'il jugeait l'idée d'une fédération d'Etats-nations politiquement pertinente "car l'Europe est une construction politique originale mêlant l'idéal fédératif et la réalité des Etats-nations européens". Lionel Jospin a également lancé une pierre dans le jardin de Jacques Chirac, sans nommer le président de la République, en estimant que "l'on ne peut pas avancer des architectures institutionnelles ou proposer des formules sans avoir réfléchi, au préalable, au sens politique que l'on veut donner à l'Europe". Le 27 juin dernier, le chef de l'Etat français avait approuvé l'initiative ouverte par le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fisher, de rédiger une Constitution européenne.Dans son discours, Lionel Jospin s'est prononcé en faveur du renforcement des institutions actuelles de l'Union européenne, notamment par la création d'un "Conseil permanent des ministres" et une réforme des élections européennes. Selon le chef du gouvernement, le conseil des ministres européens "ne joue plus suffisamment son rôle". Dans ce contexte, Lionel Jospin estime que ce conseil "devrait avoir la responsabilité d'approuver un véritable programme de législature pluriannuel, à partir d'une proposition de la Commission et du Parlement européen". Pour le Premier ministre, le moment est également venu "de réfléchir à la mise en place d'un Conseil permament des ministres". "Ses membres, sortes de vice-Premiers ministres, coordonneraient les questions européennes dans leur propre gouvernement national. Une telle formation pourrait assurer les fonctions d'impulsion, de préparation et de coordination du travail européen en amont du Conseil européen." Il propose également de donner au Conseil des ministres européens "un droit de dissoudre le Parlement, sur proposition de la Commission ou des Etats-membres". En outre, Lionel Jospin propose que le président de la Commission soit choisi dans la formation politique européenne victorieuse aux élections européennes, afin de renforcer l'autorité et la légitimité politiques de cet organe exécutif.Il souhaite également une "réforme profonde" du mode d'élection actuel du Parlement européen."Recherchons un mode de scrutin combinant, dans chaque Etat membre, la proportionnelle et un système de grandes circonscriptions régionales", a-t-il expliqué. Pour Lionel Jospin, une "fédération d'Etats-nations" implique que les parlements nationaux soient mieux associés à la construction européenne à travers la mise en place d'une "Conférence permanente" ou d'un "Congrès". Enfin, le Premier ministre a réaffirmé qu'il était en faveur de "coopérations renforcées" entre Etats décidés à "aller de l'avant" dans une UE élargie, notamment en matière économique et dans des domaines comme la santé et l'armement. "L'Europe à deux vitesses est une perspective inacceptable. Mais la paralysie institutionnelle est une menace qu'il nous faut conjurer. Ceux qui souhaitent aller de l'avant devront pouvoir le faire", a souligné le Premier ministre.Le Premier ministre, qui a par ailleurs abondamment développé les thèmes économiques et sociaux dans son discours (voir ci-contre), a également rejeté l'idée de renationaliser des politiques communes (fonds structurels et PAC) préconisée par M. Schroeder. "Il y aurait un paradoxe à suggérer des pas en avant vers une plus forte intégration européenne tout en commençant par opérer des replis nationaux", a-t-il affirmé. la tribune.fr avec AFP
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