La France distancée dans les technologies de l'information

"La conjoncture mondiale dans les secteurs des nouvelles technologies a été exceptionnelle, mais la France a été la seule à ne pas en profiter": le jugement tombe, sévère, de la bouche de Michel Martinez, économiste chez Rexecode et auteur d'une étude intitulée "La position de la France dans les technologies de l'information". Cette enquête compare le poids des secteurs producteurs de biens et services relevant des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans quatre pays: la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne.Cette étude, qui porte sur la période 1990-1998, montre que le poids de ces secteurs dans l'économie, obtenu en mesurant la part de la valeur ajoutée dans le PIB, est plus élevé aux Etats-Unis (7,9%) et au Royaume-Uni (6,8%) qu'en Allemagne (4,9%) et en France (4,8%). L'écart, note l'étude, a augmenté depuis 1995 et l'émergence d'Internet. Le retard de la France et de l'Allemagne, précise l'enquête, n'est pas limité à une seule filière. Il est cependant "beaucoup plus important" pour les activités de production de biens (ordinateurs, composants, téléphones, etc.) que pour celles de services. La production de matériel informatique accuse une particulière faiblesse (1,1% du PIB en France et en Allemagne contre 2% au Royaume-Uni et 2,3% aux Etats-Unis). Enfin, des quatre pays étudiés, la France est celui où le poids des télécommunications est le plus faible (1,4%). Pour Rexecode, l'ouverture plus prononcée à la concurrence de l'Allemagne, des Etats-Unis et du Royaume-Uni peut expliquer en partie cette situation. Ce décalage entre la France d'une part, et les Etats-Unis et le Royaume-Uni d'autre part, se retrouve au niveau des statistiques de l'emploi puisque selon Rexecode "proportionnellement à la population en âge de travailler, il y a environ 40% d'emplois de plus dans le secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication" outre-Atlantique et outre-Manche. De même, pour ce qui est des dépenses de Recherche et Développement (R & D), les Etats-Unis dament le pion à l'ensemble de la planète. En 1997, les dépenses des entreprises américaines en R & D dans les secteurs producteurs de TIC représentaient 0,74% du PIB contre 0,36% pour la France et 0,32% pour l'Allemagne. Au delà de 1998, la comparaison ne peut être poursuivie faute de données suffisantes, précise Rexecode. Cependant, l'institut estime que l'on peut avoir une photographie assez fiable de la tendance de ces deux dernières années en observant les indices de production industrielle en produits des TIC. En 1999 et 2000, ils ont été très importants aux Etats-Unis et au Royaume-Uni avant de montrer des signes de ralentissement. En France, "la production n'a pas suivi le rythme de la demande", souligne Rexecode. L'activité des secteurs industriels des TIC n'a augmenté que très modérément depuis 1998, de 4,6% par an.Anne Eveno
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