Qui veut manger la Société Générale ?

Le net recul (- 23,3 %) des profits de la Générale au premier trimestre n'a pas suffi à calmer ces ardeurs. D'autant que ces chiffres se comparaient avec un premier trimestre 2000 record qui avait vu les bénéfices de la banque au logo rouge et noir bondir de plus de 50 %. Par comparaison, BNP Paribas a largement limité les dégâts en ce début d'année, avec un recul de ses profits de seulement 7,1 % à fin mars, mais son premier trimestre 2000 avait été moins flamboyant que celui de la Société Générale.Qui tourne donc autour de la banque de la Défense ? Vendredi, une rumeur insistante, récurrente d'ailleurs depuis plusieurs semaines, prêtait à BNP Paribas l'intention de revenir à la charge après l'homérique bataille bancaire qui avait vu les deux groupes s'affronter en 1999. La BNP avait à cette occasion raflé Paribas à la Générale mais avait échoué à racheter cette dernière. Elle s'en était pourtant octroyé un tiers du capital et des droits de vote... avant de devoir les abandonner à la demande des pouvoirs publics et des autorités bancaires.Chez BNP Paribas, on dément fermement nourrir un tel projet en se demandant si ce n'est pas la Société Générale qui fait courir de telles rumeurs pour faire monter son cours. Toutefois, dans l'entourage de la première banque française cotée, présidée par Michel Pébereau, on estime qu'une telle opération aurait toujours du sens. D'autant qu'elle se ferait cette fois de façon amicale. " Daniel Bouton y serait favorable, estime un expert bancaire français. Le problème, c'est qu'il compte dans son conseil d'administration son charismatique prédécesseur Marc Viénot, farouchement hostile à un tel projet. Ce n'est pas toujours une bonne idée d'avoir gardé au conseil l'ancien PDG. "Sans exclure l'hypothèse BNP Paribas, on peut se demander si des groupes étrangers ne lorgnent pas aussi la Générale. A commencer par le grand néerlandais ABN Amro, souvent présenté comme un partenaire transfrontières idéal pour la banque française afin de créer un acteur mondial de poids dans la banque d'investissement. Toutefois, la capitalisation boursière d'ABN Amro demeure assez nettement supérieure à celle de la SG.Il y a quelques semaines courait aussi l'hypothèse d'une possible offre sur la Générale du géant américain des services financiers Citigroup qui se renforce en Europe, de l'ouest comme de l'est, depuis plusieurs mois. Des banques britanniques comme Lloyds TSB ou Barclays sont également parfois citées comme candidates éventuelles à un rachat ou une alliance avec la " Soc Gén ". A moins que cette dernière ne préfère son allié italien Unicredito.Et le BSCH dans tout cela ? Le géant bancaire espagnol est devenu au fil des mois l'un des tout premiers actionnaires de la banque française. Les deux groupes se sont même alliés, non seulement capitalistiquement mais aussi commercialement et stratégiquement. Mais ce lien prometteur semble se distendre depuis quelques semaines pour se limiter à quelques synergies ponctuelles.En tout cas, les perspectives de la Société Générale pourraient bien évoluer significativement cette année. Surtout si elle est menacée d'isolement sur son propre sol, non seulement par la poursuite du développement de BNP Paribas mais aussi par le possible renforcement des liens entre le Crédit Agricole et le Crédit Lyonnais, voire par le projet d'alliance entre la Caisse des Dépôts et Consignations et les Caisses d'Epargne.Certains murmurent que la Société Générale, en réaction, devrait réagir en regardant d'abord autour d'elle. Par exemple en tentant de nouer des liens avec l'un des deux groupes mutualistes bancaires également en mal d'alliance domestique, les Banques Populaires, fortes de leur filiale cotée, la banque d'investissement Natexis, et le Crédit Mutuel déjà repreneur du CIC... à la barbe de la Générale.
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