« La France a aujourd'hui le bonnet d’âne des augmentations de salaires »

latribune.fr. - La hausse de 4,05% du SMIC vous semble-t-elle de nature à pénaliser l'emploi ?Gilles de Robien. - Le problème n'est pas tant cette augmentation du SMIC, qui permet le maintien, voire l'amélioration du pouvoir d'achat des ménages les plus modestes, que l'accumulation des charges et des contraintes qui pèsent sur l'entreprise. La réduction du temps de travail obligatoire, la loi de modernisation sociale, le passage à l'euro, le congé parental pour les pères, autant de mesures individuellement acceptables, voire souhaitables, mais qui additionnées les unes aux autres sur une période de temps très brève, poussent beaucoup de petites et moyennes entreprises au découragement. Dans un contexte plus vif que jamais de concurrence internationale, il est clair que l'effet sur l'emploi de l'addition de toutes ces mesures ne me paraît pas positif.Craignez-vous, au contraire, que la modération des bas salaires provoque un essoufflement de la consommation des ménages ?La consommation des ménages se nourrit d'un pouvoir d'achat suffisant et d'une confiance dans l'avenir importante. Sur le premier point, je constate que la France a, aujourd'hui, le bonnet d'âne des augmentations de salaires. Les choix qui ont été faits dans une période de chômage importante et de croissance zéro ne sont pas les mêmes dans une période où il faut maintenir la croissance à un niveau susceptible de poursuivre la baisse du chômage.Sur le deuxième point, je crois que la baisse du moral des chefs d'entreprise a des effets contagieux sur le moral des ménages. Les Français observent l'affaiblissement de la croissance internationale et s'interrogent de plus en plus sur la pertinence des choix économiques et financiers de notre gouvernement et, aussi, il faut le dire, de la Banque Centrale européenne.Plus largement, que pensez-vous des règles légales de fixation du SMIC ?Il paraît juste et équitable que la hausse annuelle légale du SMIC, soit au minimum alignée sur la hausse des prix. Ce qui à mon sens l'est moins, c'est que cette hausse ne soit pas répercutée sur l'ensemble des salaires. A cet égard, je tiens à observer que l'évolution du pouvoir d'achat du SMIC horaire a été plus favorable que celle des salaires moyens et médians des salariés à temps complet. Ainsi, depuis septembre 1999, et pour le secteur privé, le pouvoir d'achat du SMIC net de cotisations sociales a progressé de 3,1 % contre 1,8 % pour l'ensemble des salariés. Quant au coup de pouce, on pourrait éviter les soupçons d'arrière-pensées électoralistes en s'en remettant aux partenaires sociaux et à des accords pouvant se décliner par branches et par régions.Faut-il accélérer la convergence du taux horaire brut des salariés aux 39 heures et des salariés aux 35 heures ? Par quel moyen ?On le pourrait, bien évidemment, mais on chargerait un peu plus la barque des entreprises qui, pour les plus petites d'entre elles, ne pourraient en supporter le contrecoup. Le système du double SMIC - et c'est un euphémisme, car dans les faits, il y en a de cinq à six en fonction de la date d'application des 35 heures dans l'entreprise - est une usine à gaz que l'UDF avait dénoncée dès la première loi Aubry. Cela étant dit, une fois encore, je pense qu'il conviendrait de réunir l'ensemble des partenaires sociaux pour tenter de mettre un terme à ce système compliqué et injuste à moyenne échéance.Propos recueillis par Jean-Noël Roffiae
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