Sommet agricole sous tension à Bruxelles

C'est sous la pression d'agriculteurs en colère que les ministres de l'Agriculture de l'Union européenne vont tenter de surmonter leurs divergences quant à la gestion financière de la crise de la "vache folle". En fin de matinée, un millier d'agriculteurs belges et français ont tenté sans succès de rejoindre dans le centre de Bruxelles le lieu où se tiendra le Conseil agricole. Plus tôt, d'autres agriculteurs avaient mené une grande opération de blocage le long de la frontière franco-belge, ce qui a entraîné de fortes perturbations sur le réseau autoroutier. Par ces actions, les éleveurs veulent faire entendre leur désespoir: la crise de la "vache folle" a fait chuter de 30% la consommation de viande bovine en Europe. En France, le gouvernement estime que "35 à 40.000 de ses agriculteurs sont réellement touchés par la crise et ont perdu presque tous leurs débouchés à l'exportation". Dans ce contexte, la position française s'articule autour de deux points: versement d'aides directes ciblées aux agriculteurs les plus en difficulté - certaines sources gouvernementales françaises évaluent entre 80 et 160 millions d'euros la somme globale qu'il faudrait apporter aux seuls éleveurs hexagonaux - et instauration d'une prime à la destruction de jeunes veaux pour assainir immédiatement le marché. Ces deux propositions ont d'ores et déjà été rejetées par l'Allemagne. Celle-ci juge d'une part qu'il n'y a pas assez d'argent dans les caisses de l'Union européenne pour faire droit aux revendications françaises. D'autre part, Berlin préfère à l'abattage des jeunes veaux l'idée d'encourager la réduction du poids des bêtes menées à l'abattoir, afin de diminuer globalement la quantité de viande mise sur le marché. Comme l'Allemagne, la majorité des autres pays de l'Union européenne qualifient les choix français d'"irréalistes". Mais Paris n'en a cure. Déjà, le Premier ministre français Lionel Jospin et son ministre de l'Agriculture, Jean Glavany ont prévenu. Ils "prendront leurs responsabilités" en cas de refus de Bruxelles de verser des aides directes aux agriculteurs. La France est donc prête à débloquer des subventions nationales, quitte à encourir les foudres des règlements communautaires et à se voir menacée d'une procédure d'infraction. Derrière ces questions liées aux financements de la crise de la "vache folle", se profile un autre débat où une fois encore France et Allemagne vont se faire face. Berlin entend mettre à profit cette situation pour remettre à plat la politique agricole commune afin de la réorienter vers "une politique qui stimule une production de qualité". Cette position n'est pas du tout du goût des agriculteurs français.
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