Le triomphe de Blair l’Européen

Quatre ans après sa victoire historique sur les conservateurs, Tony Blair vient de renouveler son exploit. Ce matin, les travaillistes affichaient 413 circonscriptions gagnées - presque autant qu'il y a quatre ans. Avec une majorité de près de 170 sièges à la Chambre des Communes, jamais le Labour n'a autant ressemblé à un « parti de gouvernement » comme le répétaient en cœur ses responsables. Seule ombre au tableau : à 41%, le taux d'abstention enregistré hier est le plus élevé... depuis 1918 ! Illustration de l'apathie qui règne chez les Britanniques face à une campagne plutôt morne, et dont le résultat était quasiment connu d'avance. De leur côté, les conservateurs se sont réveillés avec une sérieuse gueule de bois. Tant le nombre de sièges que le pourcentage des voix enregistré à l'échelle nationale sont inférieurs à 1997, année où la défaite des tories était déjà jugée exceptionnelle. Sans tarder, le leader William Hague a annoncé sa démission dès les premières heures de la matinée, ouvrant immédiatement la porte à un successeur qui devra recoller les morceaux d'un parti déchiré. Quatre années d'opposition et un mois de campagne électorale intense n'auront pas permis aux tories de convaincre les Britanniques qu'ils étaient à nouveau prêts à gouverner face à un Tony Blair plus centriste que jamais. Parmi les candidats possibles : Michael Portillo, ancien ministre de la Défense et ex-dauphin de Margaret Thatcher ; Ann Widdecombe, porte-parole de la droite dure, très populaire dans le parti ; Iain Duncan-Smith, autre figure très appréciée des militants. Le choix d'un leader charismatique sera déterminant pour les conservateurs, à l'approche d'une autre bataille importante : celle du référendum sur l'entrée dans l'euro qui « démarre aujourd'hui » selon Dominic Cummings, le directeur de Business for Sterling, organisme regroupant des entreprises contre la monnaie unique. Dès jeudi, les marchés avaient déjà intégré la victoire de Tony Blair et l'adhésion probable du Royaume-Uni à l'euro, une fois le référendum organisé. Tout porte à croire que la machine du New Labour se mettra bientôt en marche, avec pour objectif de convaincre un électorat encore très dubitatif. Pour l'heure, Tony Blair se concentre sur la composition de son gouvernement. Après avoir passé une partie de la nuit dans sa circonscription de Sedgefield, au nord-est de l'Angleterre, il a regagné le 10 Downing Street ce matin et devrait annoncer - après la traditionnelle visite de courtoisie à la reine - la liste de ses nouveaux ministres d'ici la fin de la journée. Parmi les principaux changements attendus : David Blunkett, ministre de l'Education et de l'Emploi, serait nommé à l'Intérieur et remplacé par sa secrétaire d'Etat, Estelle Morris. Avec la santé et les transports, le dossier de l'éducation est prioritaire pour le gouvernement, après des années d'investissements insuffisants dans les services publics. Cette fois, il s'agit pour Blair de répondre aux attentes de son électorat.Philippe Le Corre, à Londre
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