La psychanalyse au secours des golden boys

Pour attirer le chaland, l'enseigne de ce disciple de Freud et Jung pourrait être : "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'argent sans avoir jamais avoir osé le demander..." Stratégiquement basé dans l'Upper East Side de Manhattan - l'équivalent new yorkais du XVIème arrondissement de Paris, le Dr Sulkowicz a en effet pour patients des banquiers, des agents de change et des financiers de Wall Street. Ces éclopés du Veau d'Or se retrouvent régulièrement sur son divan pour lui confier les problèmes qui les taraudent : comment faire face à tant de dollars? Comment survivre dans cet univers ultra-compétitif où personne ne semble jamais en avoir assez? Comment se débarrasser des angoisses que génère la possibilité d une crise financière? "C'est une clientèle d'un genre spécial, note le Dr Sulkowicz. Beaucoup sont comme des enfants de deux ans à trois ans. Si vous les observez, vous voyez qu'ils se sont trouvés installés au centre de leur monde avec un sentiment rassurant de domination totale. Puis, brusquement, survient une crise qui ébranle leurs certitudes. Ils sont complètement déstabilisés, hantés par des questions comme : "Qu'arrive-t-il à notre économie?"Spécialement critique pour ces... malheureux est la question des bonus - qui les préoccupe du début à la fin de chaque année. Distribués à la période des fêtes, ces "enveloppes" constituent souvent à Wall Street le vrai revenu de quiconque s'occupe de près ou de loin des marchés. L'énormité des sommes en jeu aide à comprendre le phénomène. Selon le cabinet d'études Johnson Associates, le montant des bonus distribués par Wall Street en 2000 s'est élevé à près de 14 milliards de dollars. En moyenne, cela fait 74.000 dollars par personne mais en réalité, nombreux sont ceux qui se voient offrir, comme cadeau de fin d'année, deux, trois, voire dix millions de dollars! "Evidemment, je suis particulièrement occupé quand approche la saison des bonus, assure le Dr Sulkowicz. Ces énormes compensations symbolisent en effet autre chose que de l'argent. Pour les hommes, elles sont devenues un symbole de leur masculinité ou un moyen de s'affirmer - spécialement chez ceux qui ont une personnalité mal assise. Leurs conversations entre collègues sont souvent très similaires à celles échangées dans un vestiaire: "Le mien est plus gros que le tiens..." Ils parlent de leur bonus bien sûr! Et cette question de taille n'est pas limitée aux hommes. Les femmes y sont également sensibles." On peut parier que le carnet de rendez-vous du Dr Sulkowicz va rester, pour cette année, bien rempli. Malgré les difficultés du Dow Jones et du Nasdaq, on peut parier que les bonus - à moins d'un brutal revers - resteront substantiels. Certains parlent d'une baisse de 40% voire plus, d'autres affirment qu il faut attendre pour se faire une idée. Mais le "blues" du "golden boy" - ou de la "golden girl" - lui, demeurera....
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